jeudi 22 juillet 2021

Sexisme ordinaire : les bombes à retardement

 Il n'aura échappé à personne cette histoire relative aux beach-handballeuses norvégiennes qui ont été sanctionnées pour avoir refusé de jouer en bikini il y a quelques jours. Évidemment, c'est choquant. Évidemment, tout le monde réagit et crie au scandale : comment est-il possible qu'en 2021 les sportives soient présentées comme des objets sexuels ? Évidemment que c'est hautement insupportable. Mais, au fond, si ces jeunes femmes avaient joué en bikini, qui aurait crié au scandale de les voir ainsi vêtues ? Qui aurait remarqué que ça posait un problème, ces sportives de haut niveau dont on dévoile largement le corps ?

 

Cette affaire me rappelle celle de Pierre Ménès, ce journaliste sportif écarté de Canal + suite à un documentaire de Marie Portolano et accusé d'avoir des comportements outranciers avec des journalistes femmes (lire ou relire: Journalisme sportif : les femmes dénoncent ). Quel rapport, me direz-vous ? Le rapport, c'est que dans l'affaire Ménès comme dans l'affaire des handballeuses norvégiennes, la logique est la même : c'est parce que Marie Portolano a réalisé ce documentaire que tout à coup, tout le monde s'est offusqué du comportement de Pierre Ménès. Avant ce documentaire, tout le monde trouvait normal de voir ses agissements vis-à-vis des femmes. C'est parce que les handballeuses norvégiennes ont été sanctionnées qu'on réalise que les tenues qu'elles portaient jusque-là n'avaient pas de justification autre que d'émoustiller les spectateurs.

Pourquoi est-ce que personne ne réagit avant ? Pourquoi est-ce que Pierre Ménès amusait la galerie avec ses comportements sexistes et machistes et que personne ne trouvait cela dérangeant ? Pourquoi est-ce que les amateurs de sport jugeaient normal que les équipes masculines portent des shorts et les équipes féminines des bikinis ? Comment se fait-il que personne n'ouvre les yeux avant que les scandales n'éclatent ? Mon hypothèse est la suivante : nous sommes tellement culturellement biberonnés au patriarcat, les manifestations machistes et sexistes font tellement partie intégrante de nos vies quotidiennes que l'on peine à ne serait-ce que les remarquer. Or, tant que nous n'ouvrirons pas collectivement les yeux sur la façon dont les femmes sont continuellement montrées et traitées, rien ne changera. Il importe de lutter pied à pied contre les relents nauséabonds du patriarcat, partout, chaque jour.

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