vendredi 23 juillet 2021

Elections présidentielles : être une femme est-il un argument ?

Ça y est, les dés sont jetés. Valérie Pécresse a officialisé son intention : elle entre dans la course à la présidence de la République. A priori, elle n'est ni plus ni moins crédible que d'autres. Je ne lancerai par ailleurs pas les paris. Et à la limite, peu importe. En revanche, ce qui me fait tiquer, c'est l'argument mis en avant. Valérie Pécresse martèle, la main sur le cœur, que "l'heure des femmes est venue" et qu'elle est prête à être "la première présidente de la République"

C'est sûr, un jour ou l'autre, il y aura une femme à l'Elysée. Mais il m'apparaît curieux de se lancer dans la bataille avec cette idée-là. Il faudrait une femme présidente de la République française. Pour un peu, c'est comme si elle nous jouait la carte de la sororité : "allez les femmes, votez pour moi. Montrons-leur que c'est possible, qu'une femme peut diriger la France". Mais madame Pécresse, oui, bien sûr qu'une femme peut diriger la France. N'importe quel homme peut le faire - il n'y a qu'à voir comment ils s'y sont pris, avec plus ou moins d'habileté et d'intelligence, au cours des cinq dernières décennies -, pourquoi ne le pourrions-nous pas ? Mais ce n'est pas parce qu'une femme se présente que les Françaises voteront pour elle. La question, madame Pécresse, c'est pourquoi vous plutôt qu'une autre ? En admettant que vous soyez la seule femme, tous partis confondus, à se présenter à l'élection de 2022 - hypothèse hautement improbable, comme chacun sait -, n'imaginez pas que nous pourrions être tentés de voter pour vous parce que vous êtes une femme. Ce serait une grave erreur. Ce serait méprisant pour les électrices et les électeurs que de penser cela.

 

S'il devait advenir qu'une femme parvienne à la présidence de la République française, il lui reviendra en revanche l'importante mission de montrer qu'elle est en mesure de faire mieux qu'un homme. Et ceci, en gardant à l'esprit que quoiqu'elle fasse, quoiqu'elle décide, elle sera continuellement critiquée par ses détracteurs à l'aune de son genre. Elle subira les foudres des suppôts du patriarcat convaincus de leur bon droit. Elle sera moquée, insultée, menacée, comme aucun président ne l'aura été avant elle.

A tout le moins, on remarquera que de nombreuses femmes ont de par le monde accédé au pouvoir ces dernières années, impulsant de nouvelles dynamiques, de nouvelles visions d'avenir, de nouvelles conceptions, parvenant avec volontarisme, force de conviction et pragmatisme à réaliser leurs projets. On citera notamment Jacinda Ardern en Nouvelle-Zélande et bien sûr Angela Merkel en Allemagne, dans des genres tout à fait différents. Pourquoi ce ne serait pas possible en France ?

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