lundi 6 septembre 2021

Rentrée agressive : où sont les bénéfices des vacances ?

"Pendant un mois, se couper du monde. Pas de lecture de la presse, pas de réseaux sociaux. La famille, les amis, la campagne, des romans, des jeux de société. Dormir sereinement. Être tranquille. Laisser les heures s'écouler paisiblement. Respirer.

Et puis comme toutes les bonnes choses ont une fin, rentrer chez soi et reprendre ses marques. Prendre conscience petit à petit que pendant un mois, la folie du monde ne s'est pas arrêtée. Le covid n'a pas terminé sa course, les hôpitaux restent surchargés, les catastrophes environnementales et climatiques se multiplient, l'Afghanistan sombre à nouveau, des images d'enfants en pleurs dans les bras de soldats américains sont diffusées encore et encore, les femmes afghanes ont peur et sont menacées, des murs anti-immigrés sont érigés."

J'ai écrit ces deux paragraphes il y a deux semaines, me suis arrêtée, un peu dépitée que le monde ne soit pas plus beau. J'ai décidée d'y aller doucement à cette rentrée, de ne me remettre dans le grand bain que de façon progressive. Mais puisque les enfants ont fait leur rentrée, il fallait bien faire la mienne. Donc j'ai rallumé un peu la télé et la radio. Et j'ai fait quelques tours sur Twitter. La nausée. Vraiment. Qu'est-ce que c'est que ce monde où l'agressivité est devenue une façon banale et limite consensuelle de s'exprimer ? Comment est-il possible que l'on nous ait bassinés avec l'importance de la bienveillance pendant toutes ces dernières années, en nous disant que c'est ainsi que le monde se relèverait, que tout le monde s'aimerait, que nous aurions un avenir possible, et que, dans le même temps, le verbe échanger puisse devenir synonyme d'aboyer, d'insulter, d'agresser ? 

 

Il suffit de regarder une émission en direct, même deux minutes, sur une chaîne d'information ou autre, pour mesurer l'ampleur du phénomène. Le verbe débattre a perdu tout son sens. Les interlocuteurs n'échangent plus d'idées. Ils ne s'écoutent plus. Ils s'ébrouent, se lynchent mutuellement. Ils veulent faire le buzz, être celui que l'on considérera comme ayant dominé le débat, celui qui a la plus grosse. Celui qui montre les dents, c'est celui qui gagne désormais. Vous me direz que ce n'est pas nouveau. Mais pour une raison que j'ignore, ça me frappe plus cette année qu'avant. Ce n'est plus l'intelligence et la réflexion qui priment, mais bien cette faculté qu'ont certains êtres à ruer dans les brancards les premiers. Atterrante et misérable façon de vivre que celle-ci. Être déjà dans le regret des vacances, paisibles et candides...

 

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