jeudi 24 mai 2018

"On est en finale, on est en finale, on est, on est, on est en finale..."

Vous savez quoi ? Ce jeudi soir, l'équipe de football de Lyon est en finale de la Ligue des Champions, face à l'équipe allemande de Wolfsburg. Comment ça, vous ne le saviez pas ?
Vous ne le saviez pas pour une raison simple : c'est de football féminin qu'il s'agit. De manière générale, les sports collectifs au féminin sont les grands oubliés des medias. Les sportives ont beau être talentueuses, volontaires et couronnées de succès (on pense par exemple aux différents titres de l'équipe de France de handball féminin), on ne parle d'elles qu'à la condition qu'elles parviennent au sommet des compétitions.

Il y a quelques jours, l'arrivée en finale de la Ligue Europa de l'Olympique de Marseille version masculine a été traitée en long, en large et en travers, avant, pendant et après le match. Les Marseillais ont perdu lamentablement et tout le monde en a parlé, commentant, refaisant le match à l'envi.

Crédit photo : R. Mouillaud / Le Progrès

Aujourd'hui, c'est à peine si l'on évoque ce match si important de l'équipe lyonnaise féminine. Pourtant, les françaises partent favorites, paraît-il. L'Equipe n'en a même pas fait son grand titre de Une, préférant consacrer sa couverture à ce témoignage d'un joueur de foot victime d'un malaise cardiaque. Les footballeuses de Lyon n'ont droit qu'à un bandeau dont la largeur est inférieure à celle du bandeau publicitaire de bas de page vantant les mérites d'un robot de cuisine ( oh tiens, mais c'est la fête des mères dimanche prochain...). Quant à la petite photo supposée les représenter, elle est déconcertante : pas une seule des trois joueuses de la photo n'est de face, ou identifiable facilement alors que lui, Hugo Aine, semble vous regarder les yeux dans les yeux...

Le journal L'Equipe, édition du 24 mai 2018


On parle généralement assez volontiers des femmes dans des disciplines telles que le tennis, la natation, l'athlétisme mais dès qu'il s'agit de sports collectifs, on les oublie. Comme si leurs performances sur le terrain ne valaient rien, en comparaison de celles de leurs homologues masculins. C'est sûr, il y a moins de licenciées que de licenciés dans ces sports de ballons. Mais quid de la poule et de l'oeuf ? Si on ne les montre pas, si on ne médiatise pas le jeu de ces femmes-là, on n'incitera pas les filles à s'inscrire en clubs. Dans le sport comme ailleurs, les filles ont besoin de modèles, elles ont besoin de s'identifier, de rêver.

On sait tous nommer des joueurs de foot masculins, et si ce n'est pour leurs performances sur le terrain, au moins pour leurs frasques diverses et variées. Mais quels sont les noms des joueuses lyonnaises de ce soir ? Je serais bien incapable d'en citer un seul. 

Vous pourrez retrouver leurs noms et leurs CV ici : Equipe pro féminine

Crédit photo : R. Mouillaud / Le Progrès

Edit de 21h : les Lyonnaises l'ont emporté haut la main ce soir par 4 buts à 1. Bravo mesdames ! Remporteront-elles la bataille médiatique et feront-elles la Une des journaux demain matin ?

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