Qu'adviendrait-il si nous intégrions la valeur du travail domestique dans le produit intérieur brut des pays ? Les Françaises consacrent chaque jour 3h26 de leur temps aux tâches ménagères, contre 2h pour les hommes. A l'échelle mondiale, selon l'Onu-femmes, les femmes réalisent 2,6 fois plus de tâches ménagères que les hommes. Un travail invisible, chronophage et non-rémunéré mais dont toute société a besoin pour fonctionner normalement.
En France, s'il était valorisé à la hauteur du salaire minimum, le travail domestique atteindrait un montant de 292 milliards d'euros. Dans un certain sens, on peut donc considérer qu'invisibiliser ce travail domestique équivaut à taire une certaine forme de richesse. Quand je fais mon ménage, cela ne génère aucune source de richesse - en monnaie sonnante et trébuchante s'entend - mais si je vais faire le ménage chez ma voisine, elle me rémunérera pour cela. Si avec cet argent, je rémunère une personne pour qu'elle fasse mon ménage, il y aura "création de richesse". Pourquoi ce ne serait pas le cas quand je fais le ménage chez moi ?
Cette réflexion vaut cela dit pour les tenants du capitalisme, ceux qui croient dur comme fer en la nécessité de créer de la croissance et de la richesse quoi qu'il advienne. L'autre vision de la chose est de considérer que lorsqu'une mère ou un père est au foyer*, d'accord elle ou il ne participe pas à la vision capitalistique de nos sociétés, elle ou il ne crée pas de richesse. Mais pour autant, le travail est bien là. En 2016, Melinda Gates déclarait au Figaro Madame : "Nous devrions évaluer la valeur de ce travail et le compter
dans notre produit intérieur brut. Nous ne le faisons pas et pourtant,
une étude du cabinet McKenzie a démontré que le travail non rémunéré des
femmes pourrait compter à hauteur de 10.000 milliards de dollars dans
l’économie mondiale." "À moins que les choses changent, les filles d’aujourd’hui passeront des
centaines de milliers d’heures de plus que les garçons à accomplir des
tâches pour lesquelles elles ne seront pas payées, simplement parce que
la société estime que c’est leur responsabilité", estimait-elle encore. Partout dans le monde, les femmes restent considérées comme ayant la responsabilité du foyer, peu importe qu'elles aient une activité salariée ailleurs, peu importent leurs responsabilités dans le monde du travail ou autres.
*On est d'accord que même quand il n'y a pas de mère ou de père au foyer, les tâches ménagères existent et devront être accomplies, quoi qu'il arrive.
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