En ce dernier jour de l'année scolaire, date à laquelle tombent aussi les résultats du bac, petite mention autour de notre rapport à la réussite scolaire de nos enfants. Soyons honnêtes : on veut que nos enfants soient épanouis, heureux, bien dans leurs baskets. Mais on espère aussi qu'ils rapportent un carnet de notes au taquet : "on passera autant de temps qu'il le faudra sur cette leçon mais il est hors de question que tu plantes ton évaluation". Quel parent n'a pas prononcé ce genre de phrase ?
On se fiche des classements - c'est ce qu'on dit - mais quand notre gamin nous ramène une note moyenne, on demande comment s'en sont tirés les autres. Parfois, comble du comble, quand le loupiot cherche à nous dire que les autres ont eu des résultats encore moins bons que les siens, on ose répondre : "mais je m'en fiche des résultats des autres, ce qui m'intéresse, c'est TON travail. Où sont passés les points qui manquent ?"
On met en doute le sérieux du loulou lorsqu'il ose un "je n'ai pas de devoirs ce week-end". Et on en parle avec les parents de ses copains, au hasard de la conversation. Pas du tout pour vérifier que loulou n'a pas cherché à nous entourlouper, pas du tout.
Donc, nous faisons ce qui est possible pour que loulou soit brillant, ait de bons résultats et vive une scolarité fructueuse. Mais pourquoi ? Est-ce pour lui, pour mettre toutes les chances de son côté, pour l'aider à construire son avenir ? Ou bien est-ce pour qu'il soit au niveau que nous avions enfants ? Ou mieux, pour qu'il soit meilleur que nous ? Est-ce, en quelque sorte, pour qu'il puisse réussir là où peut-être nous avons échoué ? Est-ce parce que nous fondons de grands espoirs en lui ? Est-ce pour vivre par procuration ses succès ? Que cherche-t-on à prouver au travers des résultats scolaires de nos enfants ?
Résultats du bac. Crédit photo : Charly Triballeau / AFP |
Quelle fierté sur le visage des parents quand on leur dit que leur rejeton est brillant !
Qu'est-ce que la réussite ou l'échec de nos enfants dit de nous ?
Au cours de ces dernières années, j'ai eu l'occasion de croiser la route d'une enfant, à l'école primaire, dont les parents voulaient qu'elle s'oriente plus tard vers Polytechnique, rien de moins. Elle le dit à ceux qui la questionnent sur son avenir. Elle sait qu'elle devra s'y plier, qu'elle en ait réellement envie ou non. Alors elle travaille d'arrache-pied dans cet objectif-là... Elle ne s'autorisera vraisemblablement aucun rêve professionnel, aucune destinée autre que ce passage qu'on veut lui faire emprunter : Polytechnique. Il existe une autre façon de faire : laisser les enfants faire leurs expériences, leurs choix; leur ouvrir le champ des possibles et les regarder essayer, imaginer, rêver. Un jour viendra où ils délaisseront certaines options et choisiront le chemin qui les passionne, qui les motive.
Je me souviens, étudiante, avoir cette conversation avec ma mère, lui raconter combien j'étais étonnée d'avoir de si bons résultats à mes partiels, moi qui n'avais pas été une collégienne ou une lycéenne particulièrement brillante, manquant de méthode et de maturité. Et elle de me répondre : "parce que ça t'intéresse vraiment, que c'est le métier que tu as choisi".
...Dans quelques heures, tous les enfants de France seront en vacances. Place à la détente, donc :
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