"Il n'y a rien de plus démuni dans un monde fait pour les hommes qu'une femme attendant un enfant qu'elle ne devrait pas avoir". Incroyable phrase que celle-là, qui m'a frappée par sa justesse et son caractère absolu, en tout lieu et tout temps.
Et pourtant, elle fut écrite en 1977, prêtée à une femme adultère, en 1905. Le plus étonnant sans doute réside dans le fait que cette phrase est issue d'un roman écrit par un homme : "Une odeur de gingembre" - "The ginger tree" étant son titre d'origine - de Oswald Wynd.
Ce livre est tombé dans mes mains un peu par hasard. Il est incroyable de modernité. L'auteur écossais raconte la vie d'une jeune écossaise quittant l'Europe pour aller se marier en Chine, puis de là, pour aller faire sa vie au Japon. Ce sont les quarante ans de la vie d'une femme que rien ne prédisposait à une telle existence, de la naïveté et l'innocence de sa jeunesse à la maturité d'une femme accomplie, ambitieuse et n'ayant pas froid aux yeux. C'est le destin étonnant d'une femme que rien n'arrête et qui joue des coudes pour se faire une place, qui comprend qu'aucune embûche ne lui sera épargnée, qui mesure que seul son entêtement et sa détermination lui permettront de vivre ; une femme discrète qui trace son chemin, une femme qui gagne en assurance, en certitude, en conscience politique à mesure que les années passent ; une femme qui comprend ce que sont les hommes et ce qu'ils ne sont pas ; une femme en paix avec elle-même, qui n'a pas l'esprit revenchard et sait rebondir grâce à un instinct sûr.
Ce roman a 45 ans mais il pourrait être écrit aujourd'hui. Il est à mettre entre toutes les mains et Mary Mackenzie est une héroïne fascinante.
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