Au hasard de mes lectures, il se trouve qu'une coïncidence m'a amenée, coup après coup, à lire deux romans où il est question du travail des femmes. Pas d'unité de lieux ni de temps entre ces deux livres. Et pourtant... Dans "Perline, Clémence, Lucille et les autres...", Jeanne-Marie Sauvage-Avit raconte les destins de ces femmes issues du monde paysan qui, à la faveur de la première guerre mondiale, les villages s'étant vidés des hommes partis au front, ont du être au four et au moulin, faire vivre les familles. Quand le maire du village lit aux femmes une proclamation à leur intention du président du conseil intitulée "Debout femmes françaises!", texte les exhortant à se retrousser les manches et à remplacer les hommes au travail, la colère monte dans les rangs des femmes. Elles listent tour à tour toutes les tâches auxquelles elles sont astreintes continuellement. Le maire ne peut que leur concéder : "C'est vrai que vous êtes plus souvent debout qu'assises. On ne va pas contester votre travail. Mais nous, les hommes, c'est pareil. Quand donc sommes-nous assis ? Jamais. Uniquement le soir, quand on passe à table". Oui, mais voilà, les femmes sont-elles tellement assises, au moment du dîner ? Qui passe son temps "entre le fourneau et la table, à servir la soupe, le pain, le vin..." ? Le maire comprend son erreur. Il n'y a rien à rajouter.
Il n'en va pas autrement pour les femmes de l'Amérique de 1850. Dans "La dernière fugitive" de Tracy Chevalier, les familles de quakers ont une vie simple et discrète. Ils mènent une existence paisible, ne se plaignent pas et travaillent. Le soir, après le dîner, les hommes s'installent pour bavarder ou lire le journal, tandis que les femmes - certes assises - sont toujours à la tâche, des travaux d'aiguille constamment à la main. Il ne saurait être question pour elles de flâner, elles doivent être productives, actives en permanence.
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