mardi 26 janvier 2021

Violences sexuelles : l'éducation, grande absente des débats

Depuis la parution du livre de Camille Kouchner où l'on apprend - certains savaient - qu'Olivier Duhamel a commis pendant des années des actes sexuels incestueux, le débat autour des violences sexuelles au sens large est à nouveau revenu sur le devant de la scène. Qu'il s'agisse de violences sexuelles exercées sur des enfants, sur des femmes ou sur des homosexuels. 

Évidemment, on en parle quand ce sont des puissants qui sont mis en cause mais ces débats permettent aussi de mieux prendre en considération les victimes au sens large, quels que soient les milieux.

Dans toutes ces histoires, se pose la question du temps de la prise de parole. Parce que Camille Kouchner publie son livre trente ans après les faits, on lui dit que c'est trop tard, qu'il fallait qu'elle s'exprime plus tôt pour que la justice passe. Alors on pose la question de l’imprescriptibilité des crimes sexuels. C'est vrai, si des auteurs de crimes sexuels peuvent être accusés jusqu'à leur lit de mort, on peut penser que toutes les victimes pourraient, un jour ou l'autre, obtenir, sinon réparation, au moins libération. Pourquoi pas. Mais ce qui interroge, c'est aussi cette manie de concevoir toute problématique sous l'angle de la sanction. Un homme qui se conduit mal doit être puni. D'accord. Mais pourquoi s'est-il mal conduit ? Qui lui a laissé penser, depuis son enfance, qu'il pouvait faire du mal aux autres, qu'il pouvait abuser du corps des autres, qu'il pouvait décider de ce qui adviendrait du corps des femmes, des enfants ou d'autres hommes qui croisaient son chemin ? D'où leur vient cette idée, aux hommes auteurs de crimes sexuels, qu'ils peuvent violer, violenter d'autres corps ? Quid de l'éducation, quid de la prévention dans toutes ces histoires ? Où apprend-on à respecter le corps et le non-désir des autres ?

 

La loi ne peut pas tout. La répression n'a d'intérêt que si elle s'accompagne - si elle est précédée ? - d'une éducation forte, volontaire et générale. Il n'y a sans doute que si tous les enfants d'une génération s'entendent dire que le corps nous est personnel, que l'on doit respecter son corps et celui des autres, que nul ne peut vous toucher sans votre accord, il n'y a que si tous ces enfants observent les adultes de leur entourage vivre selon ces règles qu'alors on pourra envisager un monde moins enclin aux crimes sexuels. Alors seulement, quand notre culture commune envisagera les corps et les êtres avec respect, la question de la répression prendra tout son sens. Tant que nous vivons dans un monde où les corps sont montrés comme des objets que l'on s'approprie, tant que le désir ou l'absence de désir de l'autre, tant que le consentement restent des principes considérés par beaucoup comme de l'excès de puritanisme ou de pudibonderie, durcir les lois ne sert à rien.


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