lundi 27 juillet 2020

Violences : de la littérature à la réalité

Je viens de fermer la dernière page du récit de Anne Pauly, "Avant que j'oublie". De la première à la dernière page, j'ai été troublée, oscillant d'un paragraphe à l'autre entre l'émotion et le rire. Pour faire court et sans déflorer - trop - l'histoire, il s'agit des adieux de l'auteure à son père. De mon point de vue, ce type est une pourriture. Oui mais voilà, quand ton père est un sale type, est-ce que tu l'aimes quand même ? Chez les Pauly, la réponse est oui. L'auteure reconnaît tous les défauts du paternel, son alcoolisme, sa violence, sa méchanceté, mais elle lui trouverait presque toutes les excuses du monde. Elle lui trouve, en tout cas, plein de qualités, auxquelles elle s'accroche de toutes ses forces.



Mais quand même, pages 24 et 25, elle raconte les soirées difficiles quand son père avait bu. Et là, elle écrit ce paragraphe incroyable de lucidité et qui dit tant du monde dans lequel on vit :

"Encore aujourd'hui, quand j'entends, dans les reportages sur les violences conjugales, des gens s'indigner de ce que certaines femmes n'aient pas le courage de partir, j'ai envie de leur dire "J'aimerais bien vous y voir". J'aimerais bien vous voir, un dimanche soir, la paupière bleuie et la chemise de nuit déchirée, préparer une valise à la hâte pour un foyer d'urgence éclairé au néon. J'aimerais bien vous y voir, couverte d'insultes et de menaces, trouver l'énergie de courir à la gare avec vos enfants pour monter dans un train sans savoir si le retour sera possible et à quelles conditions".

Et c'est ainsi que, en ce 27 juillet 2020, nous en sommes là :


Voilà.

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