mardi 28 juillet 2020

Ces jeunes femmes qui abandonnent le soutif

Cela ne vous aura vraisemblablement pas échappé, à vous qui lisez ce blog et êtes donc sensibles aux sujets qui concernent les femmes : ces jours-ci, nombreux sont les articles publiés autour du "no bra", le fait de ne pas porter de soutien-gorge. Si vous avez poussé la quête d'infos plus loin, vous aurez remarqué qu'en fait, tous les articles sur le sujet du moment découlent d'une étude du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l'institut de sondage Ifop.

Comme toutes les études de type sondage, il y a à boire et à manger dans celle-ci. Et comme souvent, la façon de poser des questions peut induire les réponses qui sont données. Autrement dit, les chiffres sont toujours à manier avec des pincettes.



Il n'empêche, certaines données sont intéressantes. Ainsi, parmi les répondantes de 18 ans et plus au sondage, 3 % des femmes déclarent qu'avant le confinement, elles ne portaient jamais ou presque jamais de soutien-gorge. Ce chiffre est passé à 7% après le confinement. Le phénomène est d'autant plus visible chez les femmes de moins de 25 ans qui étaient déjà 4% à ne pas porter de soutien-gorge avant le confinement et 18% après. Selon l'Ifop, "les motifs de ces adeptes du « No Bra » semblent plus dictés par un désir de confort (53%) que par une réelle sensibilité aux discours féministes, sauf chez les jeunes qui sont beaucoup plus nombreuses (32%) que la moyenne (15%) à expliquer que leur choix est déterminé par « le souhait de lutter contre la sexualisation des seins féminins qui impose de les cacher au regard d’autrui »." Les jeunes femmes tenteraient donc de se défaire du carcan dans lequel elles ont été élevées : "couvrez ce sein que je ne saurais voir", écrivait Molière.

Les femmes ont cependant bien intériorisé les risques. Elles savent que sortir sans soutien-gorge contient un risque d'être agressée. A l'assertion de l'Ifop "une femme qui ne porte pas de soutien-gorge prend le risque d'être harcelée, voire agressée", 46% des femmes acquiescent... de même que 51% des hommes. Pire, "le fait qu’une femme laisse apparaître ses tétons sous un haut devrait être, pour son agresseur, une circonstance atténuante en cas d’agression sexuelle" reçoit 20% d'approbation, chez les femmes comme chez les hommes. Les injonctions ont la vie dure. La culture du viol demeure omniprésente et la pudeur de rigueur. Toutes et tous ont intégré que le sein est à ce point objet de désir et que les pulsions masculines en la matière sont à ce point irrépressibles que le port du soutien-gorge est préférable. Hallucinant tout de même. Que dire des torses masculins nus en cette saison ? Ces messieurs subissent-ils les assauts des femmes ?

Quid aussi des entreprises de lingerie ? Comment regardent-elles les jeunes femmes qui se détournent de la lingerie ? Car parmi les arguments de ces femmes qui désormais ne portent plus de soutien-gorge, figure en bonne place la volonté de ne plus être blessée par les armatures et les baleines. Qu'à cela ne tienne, les enseignes vont plancher sur le sujet et des soutien-gorges à mi-chemin entre la lingerie de dentelle sophistiquée et la brassière de sport vont se multiplier dans les mois qui viennent. J'en prends le pari. On ne laisse pas filer une clientèle alléchante sans livrer bataille.


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