jeudi 27 février 2020

Et mes seins, tu les aimes ?

Selon les époques, selon les pays, le goût pour la poitrine féminine change. Dans le documentaire Pop models de Olivier Nicklaus, proposé actuellement en replay sur Arte (à voir ici : Pop models ), on bascule de la brindille à poitrine menue Twiggy des années 60 à la plantureuse Claudia Schiffer des années 90 qui posait en arborant des soutiens-gorges pigeonnant. L'une comme l'autre ont incarné la féminité, l'une comme l'autre ont fait rêver, l'une comme l'autre ont servi de modèles. Pourtant, leurs corps n'avaient rien à voir.

La mannequin Twiggy, dans les années 60
Claudia Schiffer, dans les années 90. 


















La poitrine des femmes demeure objet de convoitise, d’idolâtrie et de symbole. Dès la prime adolescence, les seins des jeunes filles sont sujets à commentaires. Ils sont sources de moqueries, de complexes, mais aussi d'envie. Ils n'apparaissent pas en même temps chez chacune de nous. Avoir des seins ou pas est un vrai sujet, entre 8 et 15 ans. Les filles qui ont une puberté "précoce" souffrent d'être différentes des autres, de même que les filles qui ont une puberté tardive et se retrouvent plates comme des limandes lorsque leurs copines portent déjà le convoité soutien-gorge. Le passage par les vestiaires des gymnases, notamment, peut se transformer en véritable épreuve.

Tour à tour, elles sont moquées parce que déjà formées ou parce que pas encore formées. Sans nécessairement se le dire, elles s'estiment trop plates ou trop voluptueuses. Elles entendent les remarques des uns et des autres, remarquent les regards appuyés, les vivent plus ou moins bien. Et les adultes n'y vont parfois pas avec le dos de la cuillère pour commenter cette poitrine adolescente qui annonce une future mère de famille qui ne manquera pas de lait pour ses bébés, ou à l'inverse cette autre, si plate que la fille a des allures de garçon.

Il est vrai que chez les garçons, on moque aussi la transformation de ces années-là. La voix qui mue est parfois un carnage. Mais elle n'engage pas de la même façon que la naissance des seins chez ces filles où l'on devine le corps adulte en préparation, sujet de tous les fantasmes. Là où il faudrait protéger ces jeunes filles, leur éviter tout complexe, la société impose comme toujours ses injonctions.

On se souvient qu'en 1963, Brigitte Bardot s'assurait que Michel Piccoli aimait ses seins, dans Le Mépris de Jean-Luc Godard : "Tu les aimes, mes seins ?"

Brigitte Bardot et Michel Piccoli, "Le Mépris", 1963.

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