Ça y est, on y vient. Dans un mois, l'été commence. Les pubs commencent à pleuvoir qui vous montrent comment réduire votre cellulite, qui vous donnent envie de ce superbe maillot de bain porté par une jeune femme de 45 kilos.
La saison des corps à moitié nus, étalés sur le sable chaud des plages, se profile et, dans son sillage, la perspective de la comparaison. Dans un monde dont le bon fonctionnement repose sur la séduction, sur l'attrait physique, la possibilité de voir son corps soumis à la comparaison avec d'autres corps inquiète. Pendant les saisons froides, les subterfuges sont nombreux pour camoufler ses formes considérées comme disgracieuses, on ruse avec les matières et les coupes des vêtements. Mais l'été ?
L'arrivée du soleil s'accompagne d'un phénomène de culpabilisation consternante des personnes aux corps imparfaits. On les regarde avec dédain, quand ce n'est pas carrément du dégoût. Et pour un peu, on leur reprocherait de nous faire subir la vision de leur corps. Mais d'où vient cette hallucination démonstration de mépris ? Qui dicte les règles en matière de canons de beauté ?
Comment peut-on revendiquer l'égalité entre les femmes et les hommes et continuer à promouvoir les idéaux féminins tels qu'imposés par le patriarcat ? Qui a imposé au fil de l'histoire, ses diktats en matière de désirabilité des corps ? Lors des quelques dernières décennies, les femmes elles-mêmes ont emboîté le pas aux hommes, en se montrant autant voire plus exigeantes et critiques vis-à-vis de leurs congénères. Il fallait coûte que coûte répondre aux injonctions de la société, entreprendre des régimes, se rendre attirantes. A quel prix ?
Ces diktats apparaissent d'autant plus révoltants aujourd'hui que l'on prône à longueur de journées et de journaux que la bienveillance et la tolérance sont de mise. La survie de l'humanité dépendrait de notre capacité à être dans l'acceptation de la différence. En ce cas, pourquoi continuer à dénigrer, à stigmatiser les personnes en surpoids, celles au look particulier, etc ? Que dire des insultes quotidiennes qui pleuvent par exemple sur Marlène Schiappa (ce n'est pas que je fasse une fixation sur la secrétaire d'Etat mais comme je suis ses paroles et ses mouvements quotidiennement, je ne peux que constater...) ? De manière croissante, à chacune de ses apparitions dans les médias, ses détracteurs tiennent des propos inadmissibles. Ils seraient tout à fait fondés à décortiquer ses propos, ses déclarations, ses projets, sur le fond, sur le plan des idées. Mais ce n'est pas ce qu'ils font : peu importe son propos, ils l'attaquent sur son physique. On la qualifie de "loukoum", on émet l'hypothèse que la cantine du ministère soit de bonne qualité, on lui conseille d'arrêter la charcuterie,... La bienveillance, la tolérance, l'acceptation de la différence, ce n'est pas encore pour demain.
Lire aussi :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire