Hier soir, LCP diffusait un documentaire de Ludivine Tomasi, "On ne naît pas féministe". Mais qu'on ne s'y trompe pas, il s'agissait plutôt d'un film sur la façon dont les parents et l’Éducation nationale préparent les enfants à être plus tard des adultes conscients de leur sexualité. Ou plus exactement, ne les préparent pas.
Au visionnage de ce documentaire, on découvre des garçons de 6 ans qui disent clairement qu'ils ne voudraient pas être une fille parce que ça ne présente que des désavantages. Un petit garçon balance : "plus tard, elles ne feront que faire à manger à leurs fils". On est pourtant bien en 2020. Les stéréotypes ont la vie dure et les enfants continuent d'être éduqués ainsi. Les garçons sont vus comme chanceux par les filles, "parce qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent", et les filles sont jugées trop nulles par les garçons. Les enseignants militants tentent à leur mesure de déconstruire ces clichés. Sans moyens, sans soutien.
Au collège, ça s'améliore un peu. Désormais, on explique aux élèves que le clitoris existe, on aborde la question du plaisir féminin. Mais c'est encore le volontarisme des enseignants qui fait la différence, étant donné que la majorité des manuels de SVT n'illustre toujours pas le clitoris correctement, voire l'efface totalement. Cela fait pourtant deux décennies que l'éducation sexuelle est obligatoire. Comment se fait-il que l'on n'ait pas progressé plus que cela ? Ne pas parler du clitoris, ne pas le mentionner, ne pas l'illustrer correctement, c'est considérer que chez les femmes, le plaisir serait accessoire, quand on continue de penser que les hommes ont des pulsions et besoins sexuels importants. Procéder ainsi, c'est alimenter encore et toujours la culture du viol. Alors, enseignants militants et associations font progresser le débat, pas à pas.
Gang du clito (c) |
Par chance, au lycée, les élèves, filles et garçons, sont plus sensibles à ces questions. En 2020, ces jeunes à la conscience boostée aux réseaux sociaux ont su trier le bon grain de l'ivraie, semble-t-il. Ils ont compris la question du consentement, ils ont mesuré l'importance de l'inclusivité, de l'acceptation de l'autre, ils ont saisi la différence entre le sexe et le genre. Ils sont instruits sur ces sujets, ils sont bluffants. Ouf, il y a de l'espoir. On ressort du coup ragaillardis de ce visionnage. On se dit que tout n'est pas perdu, que les combats féministes d'aujourd'hui ne sont pas vains, que les lycéens d'aujourd'hui feront des adultes formidables demain, qu'ils ont tout compris.
Pour voir ce documentaire en replay, ça se passe ici : On ne naît pas féministe
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