Enfants TDAH = mères seules pour se battre

De manière générale, on l'a dit et redit sur ce blog comme partout ailleurs, les femmes sont, dans la famille, celles qui s'occupent majoritairement des enfants mais aussi celles qui s'occupent des malades de la famille, de ceux qui ont besoin de soutien ou d'aide. Du coup, sans surprise, quand dans une famille, un enfant est diagnostiqué comme souffrant de troubles de l'attention, c'est la mère qui s'y colle et qui bataille, souvent pendant des années, pour que son enfant soit correctement pris en charge.

La dessinatrice Emma publie ce jour sa nouvelle petite BD sur son blog. "Lucine et Enzo" raconte l'histoire de cette maman, Lucine, qui a bataillé pour son fils Enzo. Évidemment, quand l'histoire défile, outre ce que j’apprends des TDAH, je suis frappée par l'absence d'hommes dans l'histoire. On voit des enseignantes, des mères d'enfants de l'école, mais pas d'hommes. Le père, finalement, apparaît, niant que son enfant a un souci, prétextant que c'est normal pour un garçon de ne pas tenir en place. Vous la voyez, cette caricature outrancière ? Les garçons, ça remue. Les filles, elles, sont sages.

 

Le père nie le problème, met des années à comprendre. Et même lorsqu'il comprend, il laisse sa femme s'occuper de tout, il n'intervient qu'épisodiquement, quand elle est à bout, ou quand il s'y sent contraint et forcé. Le système scolaire n'aide pas non plus, qui ne sait pas permettre à Enzo d'être qui il est. Cet enfant ne rentre pas dans les cases, il est exclu. Lucine finit par trouver un établissement adapté et elle continue de veiller scrupuleusement à ce que tout se passe bien. Mais son mari ne partage pas son combat, il se désintéresse du sujet.

 

Au fond, il continue de penser que Lucine fait autour d'Enzo beaucoup de bruit pour rien. Il le lui reproche et finit par la quitter. Lucine, dans cette histoire, s'est en quelque sorte battue seule contre tous. Elle a du revoir toutes ses priorités, y compris professionnelles, pour faire en sorte que la vie de son fils soit la plus harmonieuse possible, qu'il ne se sente pas rejeté parce que différent. Lucine a tout mis en œuvre pour cela, seule. Elle n'a même pas pu compter sur l'appui de son mari. Selon les données fournies dans sa BD par Emma, grosso modo, il y aurait un enfant par classe atteint de TDAH. Un enfant dont on peut supposer que seule sa maman bataille pour lui, qu'il ait été diagnostiqué ou pas. Quelles sont les mères, autour de vous, qui sont ces femmes-là ? Ces mères dont vous ne vous êtes peut-être pas aperçu qu'elles avaient cette vie-là ? Être la mère d'un enfant que le monde entier rejette parce qu'il n'entre pas dans les cases, parce qu'il est différent, parce qu'il est turbulent, désobéissant ; être la mère qui subit les sarcasmes parce qu'il est de bon ton de critiquer, parce qu'il ne s'agit sans doute que d'un gamin mal élevé ; être la mère qui contraint et adapte en permanence son emploi du temps pour courir les rendez-vous médicaux et paramédicaux pour son enfant, quelle vie de combat est-ce ?

Pour lire en intégralité la BD de Emma, ça se passe par ici : Lucine et Enzo

 

Lire ou relire :

- Des trucs de filles, des trucs de garçons

- Jouets en rose et bleu : gros coup marketing des trente dernières années 

- Les stéréotypes passés à la moulinette des auteurs de livres pour enfants

- L'heure des mamans / l'heure des papas