jeudi 7 juin 2018

Parents isolés : "Nous ne sommes pas visibles"

Elisabeth est ce que l'on appelle un parent isolé. Il y a quelques années, les hasards de la vie ont fait qu'elle s'est retrouvée enceinte sans l'avoir prévu. Ce n'était pas "prémédité", pas anticipé. Mais elle a fait le choix de garder ce bébé. Elisabeth était célibataire, aucune raison de penser qu'elle se "caserait" un jour, peu d'appétence pour cela. Mais ce bébé surprise l'a changée. Elle a compris qu'elle le désirait.

Oui mais voilà : parent isolé, ce n'est pas comment parent divorcé. Votre enfant est là 100% du temps. Toute la responsabilité de sa petite fille lui incombe. Les choix de vie, les choix éducatifs, tout repose sur les épaules d'Elisabeth qui n'avait pas mesuré l'ampleur de la tâche. Tâche à laquelle elle s'emploie de tout son coeur et qu'elle assume sans difficulté, si ce n'est le fait qu'il faut savoir sortir de cette relation exclusive. Elle raconte : "j'ai la chance d'avoir des parents qui m'aident et consacrent du temps à ma fille. Je ne veux pas leur en demander trop mais j'admets que lorsqu'elle est avec eux, je peux souffler et ne m'occuper que de moi". Elisabeth a aussi fait le choix de travailler à 80%, s'octroyant le vendredi pour souffler et se préparer à une reconversion professionnelle.



Au fond, s'il y a quelque chose qui lui pèse, c'est l'invisibilité des personnes comme elle. "Ma situation de parent isolé est très peu prise en compte", observe-t-elle. "Il s'agit toujours, même ici dans les questions que tu me poses, de parents divorcés, de familles éventuellement recomposées. Ce n'est pas notre cas, à ma fille et moi. Nous ne sommes que toutes les deux. Les familles comme la nôtre sont rares et cela empêche de nous prendre en considération. Nous ne sommes pas visibles et manifestement peu comprises". Elle ajoute : "La difficulté de ma situation en tant que parent isolé impacte sur tout, absolument tout, et tout le monde, à commencer par ma fille." Pour autant, si elle fait le bilan, la balance est positive : "Je me sens mère à 100%. Je suis à la fois assez heureuse, mais aussi très insatisfaite et anxieuse des conséquences de notre situation. Je sais que l’absence du père au quotidien est et sera difficile pour ma fille, mais je m’emploie à tout faire pour que cela pèse le moins possible."  
 
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