lundi 4 janvier 2021

Les femmes dans la société : que retiendra-t-on de 2020 ?

Dans un monde normal, en ce 4 janvier, je devrais vous souhaiter une bonne année, "pleine de petits et grands bonheurs" - ma tournure de phrase traditionnelle, pour ceux qui me connaissent bien -, de projets, etc. Sauf que, dans l'hypothèse où cela vous aurait échappé, dans le cas improbable où vous seriez resté enfermé et coupé du monde pendant un an, rien ne va plus. En 2020, le monde tel que nous le connaissions s'est écroulé. Envolés les projets d'égalité entre les sexes, écroulés les idéaux mettant fin au patriarcat, effacés les rêves de mise en avant des femmes de talent. Si ce n'était l'espoir permis par l’Argentine avec la légalisation de l'avortement il y a quelques jours, on pourrait très clairement affirmer que 2020 avait été une sacrée année de merde, sur toute l'étendue de notre chère planète. 

Partout, les femmes ont payé cher cette crise sanitaire. Partout, ce sont elles qui ont massivement modifié leur quotidien pour pallier les difficultés liées au covid (oui, je dis LE covid). Que les écoles ferment et elles gardaient les enfants et devenaient enseignantes par la force des choses; que les entreprises voient leur activité diminuer et ce sont elles qui généralement se sont retrouvées licenciées ou mises au chômage partiel; que les pays se confinent et les femmes se pliaient en quatre pour que le quotidien soit aussi confortable que possible dans les familles. Pendant des mois, elles se sont mobilisées comme jamais, de gré ou de force. Et ce n'est pas fini.

Illustration Aubrey Hirsch, parue dans Vox.com
 

En France, des études ont montré combien l'équilibre familial a lourdement pesé sur leurs épaules (lire ou relire : Les femmes au temps du confinement). Mais les échos sont nombreux qui relatent des situations au moins équivalentes ailleurs. Ainsi, sur le site internet du media américain Vox, on découvre par exemple ces planches de dessin de Aubrey Hirsch, selon qui, au fond, quand tout va de travers, on n'est pas long à sacrifier les femmes en attendant d'elles qu'elles recollent les morceaux. Si des femmes sont parvenues à retourner travailler, un très grand nombre d'entre elles ont mis de côté leurs carrières pour s'occuper des enfants, compte tenu de la fermeture des garderies et des écoles. Aux États-Unis comme ailleurs, dans la majorité des cas, ce sont encore les hommes qui gagnent le mieux leur vie. Si un salaire doit être sacrifié, dans les couples hétérosexuels, on choisit donc immanquablement celui de la femme. 80% des Américains actuellement éloignés du marché du travail compte tenu d'obligations familiales sont des femmes, affirme Aubrey Hirsch. Avec la crise sanitaire, le soin aux enfants a basculé de "l'économie payée à l'économie non-payée". Autrement dit, de manière massive, les femmes sont renvoyées à la maison. C'est un retour inattendu et violent au modèle social d'il y a plus de 50 ans. Cette crise qui vient heurter les carrières professionnelles des femmes de plein fouet aura des conséquences évidentes sur l'avenir professionnel des femmes; elle vient sabrer tous les efforts entrepris pour favoriser l'égalité salariale entre les femmes et les hommes. Ainsi que l'affirmait Simone de Beauvoir, "il suffira d'une crise (...) pour que les droits des femmes soient remis en question". On y est.


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