lundi 29 juin 2020

Municipales : en avant toutes !

Ça y est, le chapitre interminable sur les élections municipales version 2020 se referme. Covid oblige, cette "séquence" - pour reprendre un terme à la mode - aura traîné en longueur, pour s'achever dans un feu d'artifice vert. Mais, à y regarder de plus près, outre la couleur nature de bon nombre de mairies françaises, une autre réalité montre le bout de son nez : la politique se féminise un peu plus.

Je n'avais pas encore eu l'occasion d'évoquer ce sujet mais, à Paris, il ne vous aura pas échappé que le deuxième tour de scrutin aura été exclusivement féminin. Depuis 2014, Anne Hidalgo était déjà maire de la première ville de France. Elle était la première femme remplissant ce mandat. Et somme toute, cela a donné des ailes à d'autres femmes, si bien que ce dimanche, à ses côtés - ou plutôt face à elle - se trouvaient également Rachida Dati et Agnès Buzyn. Pas banal ! 

Anne Hidalgo, Rachida Dati et Agnès Buzyn


Selon vos convictions politiques, vous considérerez le bilan de Anne Hidalgo positif ou non, peu importe. Mais vous conviendrez qu'elle ne s'est pas plus mal débrouillée que Bernard Delanoë avant elle, ou encore Jean Tiberi ou Jacques Chirac. Elle a prouvé que c'était possible. Elle a montré que rien n'empêche les femmes de remplir de telles fonctions, qu'elles sont tout autant méritantes ou talentueuses que les hommes.

Il y avait eu un précédent important en la personne de Martine Aubry, quoique dans une ville bien moins peuplée, à Lille. Mais tout de même, Martine Aubry est arrivée à la mairie de Lille en 2001. Depuis, on l'y croyait indéboulonnable. Elle vient pourtant de remporter les élections municipales, bien que d'une courte tête, pour la quatrième fois. Depuis près de 20 ans, les électeurs lillois lui font confiance. Combien d'autres maires peuvent en dire autant ?

A ces deux femmes médiatiques, s'ajoutent un certain nombre d'autres, élues ce dimanche à la mairie de plusieurs grandes villes, aux quatre coins de France et sous des couleurs politiques différentes : Michèle Rubirola à Marseille, Johanna Rolland à Nantes, Jeanne Barseghian à Strasbourg, Anne Vignot à Besançon, Léonore Moncond'huy à Poitiers, Delphine Labails à Périgueux, Maider Arosteguy à Biarritz, Isabelle Assih à Quimper... Autant de femmes qui se sont lancées dans la bataille des municipales avec détermination et qui, n'en doutons pas, seront attaquées sur leur genre bien plus souvent que sur leurs idées ou leurs réalisations, dans les années qui viennent. Elles devront, plus que les hommes, faire preuve de ténacité, de précision, de sérieux, d'implication, elles devront s'investir sans compter parce que c'est ce que l'on attendra d'elles. Et parce que c'est ce qu'elles-mêmes se diront. Les femmes, généralement, souffrent du syndrome de l'imposteur, cette sensation de ne pas être à leur place, ce sentiment de ne pas être à la hauteur, d'être illégitimes, d'être là comme un cheveu sur la soupe, comme si elles avaient forcé la porte. Elles ne se l'avouent pas, elles n'en ont souvent même pas conscience. Mais elles déploient toutes leurs forces et tout leur talent pour prouver qu'elles peuvent y arriver. Et elles y arriveront.



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