mardi 11 février 2020

Discriminations à l'emploi : ce n'est pas une affaire de morale, mais bien de droit

"Discriminer, ce n'est pas juste choisir. C’est exclure".
Hier soir, la chaîne CNews organisait un face-à-face entre le polémiste misogyne Eric Zemmour et la secrétaire d'Etat à l'Egalité Marlène Schiappa, un moment haut en couleurs qui ne pouvait se passer sans petites piques acerbes. Il va sans dire que ces deux-là ne pouvaient échanger et se trouver des idées communes. Comment l'auraient-ils pu ? On sait Eric Zemmour raciste et adepte de l'idée du grand remplacement, on sait Marlène Schiappa arc-boutée sur les principes d'égalité et de fraternité. Sans surprise donc, elle a martelé tout le mal qu'elle pense des discriminations, quelles qu'elles soient, et répété qu'il existait pas moins de 27 critères de discriminations : origine sociale, orientation sexuelle, âge, confession, code postal, genre, etc.

Et quand Zemmour avance que toutes les discriminations ne sont pas illégitimes, Schiappa balance que la discrimination n'est pas une opinion, mais un délit et que contrairement à ce qu'imagine le polémiste, l'inverse de la discrimination n'est pas la discrimination positive mais tout bêtement, la non-discrimination.



Il dénonce la pratique du Name and shame dans les entreprises qui ne respecteraient pas les principes d'égalité de tous ordres, compte tenu du fait que les entreprises ont une obligation de réussite et de profit; elle estime que c'est de la responsabilité de l'Etat de s'assurer que les valeurs de la République soient respectées, y compris donc dans le monde de l'entreprise. Ce n'est pas une affaire de morale, mais bien de droit, assure-t-elle. Et quand Marlène Schiappa évoque la nécessité de lutter aussi contre les discriminations territoriales qui empêchent par exemple les jeunes des campagnes reculées d'accéder à la culture, Zemmour lâche qu'au fond, une discrimination chasse l'autre et que l'on assiste à la fabrication de "victimes éternelles, d'aigris", que chacun, finalement, peut se sentir discriminé pour telle ou telle raison.

Ce type de débat ne fait jamais avancer les choses. Les antagonismes sont trop forts, les points de vue irréconciliables. Il ne s'agit pas d'avancer ses pions, d'évaluer des pistes de réflexion, on n'en est qu'à la confrontation de concepts à la limite de la caricature, entre un Zemmour qui estime que les Français d'origine étrangère doivent choisir des prénoms du calendrier chrétien pour leurs enfants ( François plutôt que Kevin ou Fadel, en somme) et une Schiappa qui se veut inclusive en tous points et toutes circonstances. Mais au royaume de la petite phrase, la cause est entendue : un débat Zemmour-Schiappa, c'est toujours bon pour l'audimat.

Dommage, il y avait fort à dire sur les discriminations à l'embauche, sur les écarts de salaires entre les employés...

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