Bonheur par ici, feel good par-là. C'est la mode de l'injonction au bonheur. Ca dure depuis quelques années et ce serait lié à l'introduction dans nos vies du concept de développement personnel, disent les sociologues qui s'intéressent au phénomène. Depuis une dizaine d'années, on nous propose des méthodes diverses et variées pour nous aider à mieux nous connaître, à faire émerger nos talents dans l'objectif de nous épanouir et ce faisant, d'être plus heureux. Au taquet des désirs les plus chers d'entre nous, le voilà le Graal : le bonheur.
Des mantras se propagent à longueur de pages de magazines, sur les réseaux sociaux. Tels ceux-ci :
Ca dégouline de bons sentiments. Ca ne fait pas de mal, a priori.
Si ce n'est que cette injonction à être heureux, à rechercher le bonheur, est omniprésente. Des rayons entiers des librairies croulent sous les ouvrages sur le sujet. Les medias te bassinent avec ça. On te martèle que tu es supposé être heureux.
On fait quoi si on s'est levé du pied gauche ? On file tout de suite chercher une corde ?
Cette semaine, la bloggeuse australienne Constance Hall (dont il avait déjà été question ici : Constance Hall, comme une reine... ) a publié sur les réseaux sociaux un texte comme une adolescente écrirait dans son journal intime. Elle raconte qu'elle vient de passer une journée de merde, sans problème majeur, mais tout la saoûle. Elle se sent surchargée de travail et sous-estimée. Elle est la seule personne de sa grande famille qui a constamment les yeux sur tout, l'oreille attentive pour chacun mais en retour, personne ne remarque quand elle fatigue, quand elle aurait besoin de soutien. Quelqu'un lui a dit un jour que les réseaux sociaux n'étaient pas faits pour s'épancher mais pour mettre en valeur ses victoires personnelles. Mais Constance Hall sait qu'elle n'est pas seule à avoir passé une journée de merde. Elle a donc écrit ce texte pour que ses followers ayant également passé une sale journée ne se sentent pas seuls... En l'espace de 24 heures, 28.000 personnes ont liké ce post, plus de 800 l'ont partagé sur leur propre mur Facebook. Et parmi les 2000 commentaires, un certain nombre de personnes dénoncent le culte du bonheur et cette manie de ne donner à voir que du parfait, du beau et des sourires. Soyons clairs : la vraie vie est remplie de journées de merde...
Le cynisme du monde merveilleux du net aidant, on tombe par chance de temps en temps sur ce genre de petites choses :
Ca ne vous rendra pas heureux, mais ça vous arrachera un sourire et c'est toujours ça de pris.
Lire aussi :
- Constance Hall, comme une reine
- Injonctions de la société : entre stress et "slow life", choisis ton camp
- L'éloge de la lenteur
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