Sabrina a 40 ans. Maman de trois filles, âgées de 15 ans, 6 et 3 ans, elle revient de loin. Il y a vingt ans, Sabrina souffrait d'anorexie, à tel point que son gynécologue assurait qu'elle était devenue stérile. Sabrina travaillait dans le commerce, vivait en couple avec un professeur de sport. Et puis Sabrina a eu la surprise de tomber enceinte. Le timing n'était pas parfait mais cette grossesse lui a fait l'effet d'un miracle, un coup de pouce de la vie en quelque sorte. Sabrina a donc eu ce premier enfant et peu à peu, la situation s'est détériorée.
Ayant des horaires de travail très étendus, elle vivait en décalage avec son compagnon qui lui, finissait ses journées au plus tard à 17h mais ne s'occupait ni de la maison ni de sa fille qu'il laissait à la garderie jusqu'à la fermeture. "Il faut reconnaître que je prenais alors comme un jugement de valeur le fait qu'il puisse prendre le fer à repasser ou l'aspirateur", admet-elle. "Cela voulait dire que je n'étais pas une bonne femme d'intérieur et donc pas une femme complète". De la même façon, alors que sa fille fait un mauvais démarrage à l'école avec des résultats médiocres, Sabrina culpabilise : "Quand on est une bonne maman, nos enfants ont de bons résultats scolaires". Sabrina retombe régulièrement dans l'anorexie et a du mal à garder la tête hors de l'eau. Elle finit par se séparer de son compagnon qui part s'installer de l'autre côté de la planète.
Mais par chance la roue tourne. Sabrina rencontre un homme qui parvient à rééquilibrer sa vie et à lui redonner du sens. Par un nouveau coup du sort incroyable, elle tombe enceinte très très vite et les tourtereaux s'installent ensemble. Elle cesse de travailler et se dévoue corps et âme à sa famille, même si son entourage croit bon de la mettre en garde à coups de "tu dois être indépendante financièrement, tu dois t'épanouir professionnellement".
Mais Sabrina, dorénavant, voit la vie autrement : "Ce n'est pas la société mais mon mari qui me donne la possibilité d'être épanouie. Le travail rend-il libre ? C'est un bon sujet de philo. Mon choix, c'est d'avoir plus de temps pour mes enfants et ceux que j'aime, plus de temps pour moi, pour être moins speed", assure-t-elle. "Je préfère mille fois être dépendante de mes enfants et de mon mari que d'un patron, quel qu'il soit, pour qui je ne serais qu'un matricule sur une fiche de paie. Quand je travaille, je gagne plus mais je dépense plus : je dépense en apparence car dans le milieu du commerce, on se doit d'être au top de la mode. Je dépense plus pour mes enfants pour compenser en matériel mon absence, je dépense en centre de loisirs et en garderie, je dépense en stress... Mon choix d'être femme au foyer me libère de tout cela, il me donne une qualité de vie incroyable".
Heureuse Sabrina ? Assurément ! Sereine et épanouie, elle se sent plus aimée, elle s'aime plus aussi. "Je préfère l'image que je donne à ma fille aînée aujourd'hui à celle qu'elle a connue petite", réalise-t-elle. Elle ajoute : "Je lui explique cependant l'importance qu'il y a à travailler pour être en mesure un jour de choisir. Je lui explique qu'il ne faut pas laisser la vie nous imposer tout mais qu'il faut savoir faire les bons choix, le moment venu."
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