Dans le monde des expatriés auquel j'appartiens, le printemps, c'est la saison du mercato. On découvre peu à peu qui s'en va pendant l'été, pour aller où. On attend le verdict s'agissant de notre propre sort, on rêve à des destinations plus exotiques mais on a du mal à se projeter.
En ce qui me concerne, cet été, je sais que je rentre en France. Je suis arrivée au Royaume-Uni il y a 4 ans, avec trois enfants âgés de quelques mois à 6 ans. Le tout, en faisant le choix d'arrêter de travailler. Je voulais profiter plus de mes enfants, faire une pause méritée dans ma vie professionnelle jusqu'ici plutôt intense, souffler.
Depuis que je sais que je rentre en France et que mon entourage est au courant, on me demande régulièrement si je "compte retravailler". Sous-entendu : depuis 4 ans, je glande. Il serait peut-être temps que je retourne au turbin. Vous la sentez l'injonction de la société là ? Tu es quadra, tes enfants sont scolarisés, tu es en bonne santé, tu es diplômée, tu as un métier entre les mains, qu'est-ce que tu fous à la maison ? Même s'il n'y a pas de volonté de culpabilisation de la part des personnes qui me posent cette question, s'ils me parlent de cela simplement parce qu'ils s'intéressent à moi et à ma vie, je prends cette question en pleine face, de plein fouet. C'est peut-être bien moi en fait, qui suis mal à l'aise vis-à-vis de ma situation et de ma vie de ces 4 dernières années ?
Pourtant, pendant 4 ans, je n'ai très clairement pas glandé :
- j'ai élevé mes enfants plus et mieux qu'avant, au sens où j'ai été plus présente - voire omniprésente-, plus disponible, plus patiente, etc. J'ai accordé à chacun d'eux plus de temps, je leur ai permis de s'exprimer, de profiter plus de leur enfance
- j'ai fait du bénévolat pour l'école et d'ailleurs, j'y travaille "officiellement" depuis quelques mois
- j'ai été une logisticienne et une guide touristique hors pair : forcément, quand on vit à l'étranger mais pas trop loin de la France, les amis et la famille font limite la queue pour venir vous rendre visite (je ne m'en plains pas, attention, j'ai adoré ça)
- je me suis initiée à des activités que je n'avais jamais pratiquées auparavant, je me suis formée
- ...
Bref, je n'ai pas perdu mon temps. Pourtant, tout ceci ne sera pas mis à mon crédit. Si je décide de chercher un nouvel emploi à mon retour, aucun employeur ne regardera ces expériences-là avec un oeil intéressé. Il n'y aura qu'un trou béant de 4 ans dans mon CV.
Si en revanche je fais le choix de ne pas retourner sur le marché du travail, parce que l'air de rien, ces 4 ans de liberté totale m'ont fait un bien fou et que je sais maintenant que l'épanouissement personnel ne réside pas nécessairement dans le monde du travail , quel regard portera-t-on sur moi ? Et quel regard aurais-je l'impression que l'on porte sur moi ?
A quelques mois de mon retour en France, je ne sais pas avec certitude ce que je ferai. A ceux qui me posent la question, je réponds désormais par un tour de passe-passe, façon réponse de Normand : je vais commencer par m'assurer que chacun des miens se réintègre sereinement et après, on verra...
A lire, sur le même sujet :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire