La charge mentale, on ne le dira jamais assez, ce n'est pas le partage des tâches. Depuis deux ou trois semaines, depuis, grosso modo, la parution de la BD d'Emma, Fallait demander , on peut lire des articles sur le sujet absolument partout. Mais une confusion nuisible s'installe. Non, ce n'est pas parce que Jules sort les poubelles ou vide le lave-vaisselle que la charge mentale de Paulette est moins forte. La charge mentale de Paulette sera atténuée si Jules vérifie le dimanche que les carnets de correspondance des enfants sont signés, s'il a anticipé la sortie de vendredi prochain et prévenu la baby-sitter qu'on aurait besoin d'elle, s'il a réservé les billets de train pour le prochain week-end, pensé à payer les factures, etc.
La charge mentale, c'est cet espèce de truc qui vous embarrasse le cerveau en continu. Là, par exemple, en écrivant ce texte, me traverse l'esprit le fait que je dois penser à récupérer la trottinette de ma fille qui est restée à l'école hier. Parce que ce matin, quand il a déposé les enfants à l'école, je sais que mon Jules n'y aura pas pensé. La charge mentale, ce n'est pas faire les choses, c'est les prévoir, les anticiper, les organiser, les gérer. Ainsi l'écrivait Clémence il y a quelques jours : "Un conjoint qui participe c'est super, mais s'il faut lui rappeler/demander de faire les choses, on perd 80% de l'intérêt".
Dans un témoignage publié par le Nouvel obs, je lis par exemple : "on est très à la cool. Et évidemment ça fait moins de charges. Les
enfants n'ont pas d'activité extra-scolaire, les filles ne mangent pas
des légumes à tous les repas. Elles ne se lavent pas les dents le matin
mais le soir. C'est bête mais ce sont trois minutes de gagnées. En fait,
on fait le strict minimum." Là je dis non : ça, ce n'est pas de la charge mentale, c'est du partage de tâches. C'est juste décider, dans le couple, de qui gère quoi au quotidien. Alors ok, dans ce couple-là, ils ont fait le choix de limiter le nombre de tâches mais ça n'enlève rien de la charge mentale.
Les mots ont un sens : dans la notion de "charge mentale", il y a bien l'adjectif "mental". Cela se rapporte donc à l'esprit. C'est à Nicole Brais, de l'Université Laval au Québec, que l'on doit la définition de ce qu'est la charge mentale. Pour elle, il s'agit de "ce travail de gestion, d'organisation et de
planification qui est à la fois intangible, incontournable et constant,
et qui a pour objectifs la satisfaction des besoins de chacun et la
bonne marche de la résidence". Sortir les poubelles, c'est bien, à la condition d'en avoir eu l'intention soi-même, de ne pas avoir attendu qu'on vous le demande pour le faire...
Lire aussi :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire