vendredi 21 avril 2017

Sexisme ordinaire : le machisme en campagne

Il y a quelques semaines, en ouvrant ce blog, je m'étais dit que je n'écrirais pas sur des sujets "à chaud". Mon idée, c'était de prendre de la hauteur, du recul. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Comment aujourd'hui, ne pas rebondir sur ce qui s'est passé en direct, sur le plateau de France 2, hier soir ? Je n'ai pas regardé cette émission mais aujourd'hui, il n'est guère possible de ne pas savoir. Dans "Quinze minutes pour convaincre", les onze candidats à l'élection présidentielle ont eu à répondre aux questions de David Pujadas et Léa Salamé. 

Quand arrive le tour de François Fillon, à une question de la journaliste sur ses idées s'agissant de l'avenir de la Sécurité sociale, le candidat républicain dérape. Manifestement agacé, il balance : "Je comprends que vous me posiez cette question parce que vous avez été absente quelque temps et je me permets de vous en féliciter mais j'ai déjà répondu vingt fois, y compris sur ce plateau."

Léa Salamé revient de congé maternité. François Fillon sous-entendrait-il par cette phrase d'apparence bienveillante et anodine que comme elle s'est absentée des plateaux télé pendant quelques semaines, Léa Salamé n'a pas potassé ses dossiers, pas suivi la campagne et donc, manqué de professionnalisme ?

Photo AFP.


Dans les colonnes de Libération ce matin, la journaliste Johanna Luyssen n'y va pas par quatre chemins : "Outre le fait qu’il n’a jamais été scientifiquement prouvé que les femmes perdent un morceau de cerveau en accouchant, et que, par conséquent, il n’y a aucun lien de causalité entre la grossesse de Léa Salamé et ses compétences professionnelles, la remarque de François Fillon est sexiste". Elle poursuit : "Léa Salamé aurait mal fait son travail parce que, voilà, son vagin a récemment expulsé une petite chose qu’on appelle communément un enfant. Et voilà comment Fillon assigne Léa Salamé à son rôle de mère, pas de journaliste".

Et pour empêcher Léa Salamé de le renvoyer dans ses buts, il lui coupe l'herbe sous le pied, tout sourire, par un : "Je me permets de vous féliciter". Habile monsieur Fillon. Celui-là même qui avait, alors qu'il était Premier ministre, en 2009, freiné l'ascension possible de Nathalie Kosciusko-Morizet au sein du gouvernement par ces mots : "Tu ne seras pas ministre car tu es enceinte".

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