Qui n'a pas été touché un jour par ce que l'on appelle le syndrome de l'imposteur, cette sensation de ne pas être à la place qui nous convient, ce curieux mélange de manque de confiance en soi, de ne pas se sentir capable de, et à la fois cette gêne quand on vous félicite qui vous pousse à vous auto-dénigrer ou à sous-évaluer la tâche qui vous avait été confiée et que vous avez remplie avec brio ?
Au fond, les personnes qui souffrent de ce manque de légitimité seraient incapables de narcissisme, incapables de souligner leurs compétences et leurs réussites. Impossible pour elles de se mettre en avant. Souffrant de ce sentiment d'illégitimité, ces personnes ont un mal fou à progresser, elles peinent à avancer leurs pions et l'on dit souvent qu'elles ont un manque de confiance en elles, ce qui n'est au fond que la partie visible de l'iceberg, celle aisément repérable par l'entourage. Comme de bien entendu, les femmes sont plus communément frappées de ce syndrome de l'imposture, ayant intégré très jeunes les stéréotypes assignés à leur genre.
Vaincre ce syndrome est néanmoins crucial pour asseoir sa place dans la société, pour reconnaître et comprendre ses aspirations, pour avancer. Je le constate d'autant plus que, comme beaucoup, j'en suis "atteinte", je me débats dans ses méandres, je m'interroge. Et parfois, les hasards de la vie m'encouragent, les regards extérieurs et bienveillants me portent, des phrases que je prononce moi-même me donnent des coups de fouet et je me surprends à penser : "c'est ridicule de tergiverser, fonces !" Chaque fois cependant, le soufflé retombe peu à peu et je m'en remets à la fatalité : si je n'y suis pas arrivée, c'est que ce n'était pas le moment. Ca viendra quand ça viendra, si ça vient un jour. Partagée entre l'imposture et la fatalité, j'interroge le bien-fondé de mon idée de départ.
J'observe autour de moi celles et ceux qui me semblent dans une situation analogue. Il me semble les reconnaître, ceux qui hésitent, ceux qui se cachent. Je remarque aussi celles et ceux dont je sens confusément qu'ils ont vécu ce syndrome et qu'ils en sont sortis. Et je m'étonne du nombre de gens qui, à l'inverse, ne semblent jamais ne serait-ce qu'effleurés par le syndrome de l'imposture. Ceux-là m'intriguent plus que les autres au fond : qu'est-ce qui leur permet d'être sûrs d'eux à ce point ?
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