Vous êtes-vous déjà attardé sur la façon dont femmes et hommes se tiennent ? Quelles sont leurs postures ? Quel est leur langage corporel ? Notre façon de nous asseoir, de nous tenir, souvent, en dit long. On pense tout naturellement à ce que l'on appelle le manspreading, cette façon qu'ont les hommes de s'asseoir jambes bien écartées pour laisser entendre qu'ils sont sévèrement membrés et que donc, se tenir jambes jointes est malaisant pour eux. A contrario, nous les femmes ne nous tenons jamais de cette façon, ce serait de suite considéré comme une posture vulgaire, voire dégradante. On enseigne aux filles de joindre leurs genoux, de se tenir les bras près du corps, de prendre le moins de place possible, tandis que les garçons peuvent s'étaler tout à loisir sans que personne n'y trouve rien à redire.
Je n'ai pas regardé l'interview d'Emmanuel Macron par Léa Salamé et Gilles Bouleau ce 14 juillet. Il n'est donc ici pas question du fond. Mais j'ai vu passer des photos qui ne m'ont pas laissée de marbre. On y voit les deux journalistes de dos et face à nous, Emmanuel Macron. On passera sur le cliché en rose et bleu des protagonistes. Léa Salamé arbore un tailleur pantalon d'une couleur rouge rosé typiquement féminine tandis que Gilles Bouleau et Emmanuel Macron arborent un costume bleu. Le tout dans un décor blanc, on ne pouvait pas rêver plus patriotique et complètement cliché.
Et puis on s'attarde sur la façon dont ces personnes se tiennent. On ne distingue pas les jambes du président de la République. En revanche, on voit que celles de Gilles Bouleau sont écartées comme il se doit, avec des pieds fermement plantés dans le sol. Léa Salamé se tient quand à elle sur la pointe des pieds, les chevilles sagement placées l'une derrière l'autre. Ne surtout pas prendre de place, se montrer discrète. Si l'on observe les bras, même topo : les deux hommes ont les coudes sur la table, Léa Salamé les tient près du corps, loin du bord de la table. Les deux hommes assument leur droit d'être là, leur détermination; Léa Salamé semble presque s'excuser physiquement. Elle ne se laisse pas aller, elle maintient son corps bien droit. Gilles Bouleau ne se tiendrait pas autrement s'il était à table chez mamie ou au cinéma. On ajoutera d'ailleurs que s'il est bien au fond de sa chaise, sa consœur est quant à elle sur le bout de la sienne. Inconfort total. Il ne fait aucun doute que Léa Salamé sait qu'elle mérite d'être là, mais son corps nous dit l'inverse. Son corps est une représentation manifeste de ce syndrome de l'imposteur que la majorité des femmes connaissent, cette idée qu'elles ne sont pas à la hauteur, qu'elles ne sont pas capables, que leurs compétences sont insuffisantes.
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