J'ai lu "Femmes puissantes" de Léa Salamé. Enfin, de Léa Salamé, entendons-nous : ce bouquin est la retranscription d'interviews radio. Donc elle en est l'autrice, certes, mais ce ne sont majoritairement pas ses mots à elle que l'on lit, si vous voyez ce que je veux dire. Bref.
Dans ce recueil d'interviews retranscrites, douze femmes de tous horizons racontent leurs parcours. De l'écrivaine Leïla Slimani à la femme politique Christine Taubira, en passant par l'entraîneuse de tennis Amélie Mauresmo ou l'ingénieure Nathalie Kosciusko-Morizet, qui donc ne se présente plus comme femme politique, des femmes sous la lumière décrivent des vies faites de volontarisme ou d'ambition, de hasards, d'occasions saisies, de rencontres décisives, de travail,... Toutes expliquent ce qu'est à leurs yeux, la puissance, ce que représente pour elles ce terme et se positionnent par rapport à ce qualificatif, "puissante". Là où Leïla Slimani dit : "je suis une femme qui n'est pas impuissante, ce qui est déjà beaucoup", la photographe Bettina Rheims estime que "la puissance a quelque chose de pas très propre. Elle comporte une forme de domination". La rabbine Delphine Horvilleur considère aussi que la puissance est "un terme un peu suspect". Étonnant ! Comme toujours, les femmes - ces femmes-là, qui ont "réussi" - semblent faire profil bas, comme si elles n'osaient pas mettre en avant leur importance, leurs talents, comme si elles s'excusaient d'être à la place où elles sont. Si Léa Salamé avait interviewé des hommes au sujet de leur puissance supposée, l'auraient-ils minimisée comme elles le font ?
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| Léa Salamé et Nathalie Kosciusko-Morizet, photo France Inter |
Seule Nathalie Kosciusko-Morizet assume le qualificatif. Elle explique : "il y a confusion entre le pouvoir et la puissance. Pour moi, être une personne de pouvoir est le fait d'une position : on a du pouvoir sur les choses, sur les autres (ce qui est d'ailleurs assez relatif). Être une personne puissante relève plus de l'intime. C'est être dans son axe, avoir trouvé son équilibre, une capacité de résilience et d'expression. En mathématiques, la puissance est la multiplication d'un nombre par lui-même. La puissance est donc la démultiplication de soi". Intéressante leçon qui, si je pense à de nombreuses femmes de mon entourage, me donne à voir des kyrielles de femmes puissantes, parce qu'elles sur leur axe, à leur place. Et si elles ne sont pas exactement puissantes, elles sont en phase de le devenir, inscrites dans cette démarche. Elles ne sont pas "impuissantes", pour reprendre la façon d'analyser la situation de Leïla Slimani.
Femmes puissantes est aussi un podcast France inter à écouter ici : Femmes puissantes
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