mardi 8 octobre 2019

Avoir conscience de sa valeur

Dans la série des rôles-modèles, il est une femme qui ne passe pas inaperçue. A la tête du Fonds monétaire international (FMI) pendant 8 ans, la française Christine Lagarde est considérée comme l'une des femmes les plus influentes du monde. Dans quelques semaines, elle prendra la présidence de la Banque centrale européenne (BCE).

Si l'on se penche sur sa jeunesse, on apprend que contrairement à de nombreux semblables de la politique, tous bords confondus, elle ne sort pas de l'ENA ou de je ne sais quelle prestigieuse école. Elle admet même avoir raté deux fois le concours de l'ENA. Si elle ne pouvait pas entrer par la porte principale, elle le ferait donc de façon détournée. Ce qu'elle fit. Sciences-po puis fac de droit à Nanterre. Joli parcours universitaire certes mais sans que cela fasse d'elle un élément incontournable de la société, a priori.



Déterminée, elle est parvenue à avoir la vie professionnelle qu'elle espérait, tambours battants, ne diminuant la cadence qu'aux moments où sa vie personnelle devait prendre le pas sur ses ambitions professionnelles. Au printemps dernier, au cours d'une interview à Elle (lire ici : "Ne renoncez jamais à vos ambitions"), elle raconte : "Je l'ai réalisé chez Baker (un cabinet d'avocats, ndlr) quand, n'ayant pas rapporté assez de clients parce que j'étais devenue mère, on m'a lancé : « Tu ne pourras pas être partner cette année, tu vas attendre une année de plus. » Je l'ai accepté. Ensuite, j'ai rattrapé le temps. Il faut intégrer la vie personnelle dans son parcours et bâtir une stratégie intelligente". En ce sens, elle diffère de Sheryl Sandberg, selon qui en tant que femmes, on peut tout avoir (Si vous ne postulez pas, vous n'aurez pas le job). Christine Lagarde précise : oui, on peut tout avoir, mais pas en même temps. Il faut selon elle considérer qu'il y a des phases de la vie où l'on doit prioriser sa vie perso ou sa vie pro. Elle regrette cependant que, dans le couple, si deux carrières ambitieuses se construisent, c'est encore généralement celle de la femme que l'on met dans l'ombre. 

"Il faut avoir conscience de sa valeur", assure-t-elle, "et ne pas céder". Il ne faut pas se sous-évaluer, il faut partir du principe que rien ne justifie que l'on soit moins rémunérée que notre prédécesseur au même poste, par exemple. Il ne faut pas considérer que notre carrière aurait moins d'importance que celle de la personne qui partage notre vie. Autrement dit, il faut y aller, il faut foncer, prendre des risques quand c'est nécessaire, ne pas courber l'échine, en ayant simplement conscience que vie professionnelle ne saurait être linéaire, que nécessairement, il y aura des hauts et des bas, que parfois la vie privée et familiale prendra le pas sur le reste, que c'est ainsi, que l'on saura rebondir si l'on en a envie.

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