mardi 12 octobre 2021

Les femmes surqualifiées

 "Il y a une forme de jouissance remarquable chez certains hommes à embaucher des femmes surqualifiées". Alors que je lisais - dévorais serait peut-être un verbe plus juste - le dernier roman de Marc Dugain, La volonté, cette phrase inattendue dans ce récit est venue me frapper de plein fouet. Dans ce texte paru chez Gallimard à la rentrée, Marc Dugain raconte la vie de son père. Et puis subitement, page 161, parce qu'il ne peut échapper à l'évocation de ce que fut la vie de sa mère également, vient cette phrase. Cette phrase qui dit tout. 

On est alors au début des années 1950. Mais aujourd'hui, est-ce que ça a vraiment changé ? Est-ce que des hommes ne jubilent pas quand ils sont amenés à recruter des femmes et que ces dernières s'avèrent trop qualifiées par rapport à ce qu'il leur sera demandé ? Cela, soit parce que ces femmes ont eu un parcours professionnel entravé par une ou plusieurs maternité(s), soit qu'elles sont atteintes de ce fichu syndrome de l'imposteur qui nous fait nous sentir inconfortables dans des situations que pourtant nous méritons et nous pousse à nous sous-estimer. 

 

Que se disent ces hommes confrontés aux candidatures de femmes surdiplômées ? Sautent-ils sur l'occasion en se disant que c'est l'affaire du siècle qui se présente à eux ? Ou bien, au contraire, sont-ils parfois mal à l'aise d'engager des femmes qui méritent plus et qui seront sous-employées ? Ont-ils mauvaise conscience ? 

Dans La volonté, Marc Dugain l'assure, son père voulait que sa femme, brillante, puisse mener la carrière qu'elle méritait. Mais en est-il fréquemment ainsi ? Les hommes souhaitent-ils généralement une carrière épanouissante pour leur épouse ou leur compagne ? Ou préfèrent-ils qu'elles restent sagement en-deça de ce à quoi ils prétendent, eux ? Est-ce qu'ils les encouragent à prétendre aux postes qu'elles méritent ? Est-ce qu'ils sont déçus quand elles ne le font pas ?

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