Les
femmes d’aujourd’hui n’ont plus besoin d’un homme pour vivre. Elles sont
éduquées, elles ont une existence sociale propre, un métier, un salaire. La
journaliste américaine Hanna Rosin considère qu’aujourd’hui les hommes ont plus
besoin d’être marié – ou en tout cas en couple – que les femmes. La femme
est aujourd’hui « animée d’une ambition impérialiste. Elle part à la
conquête de nouveaux territoires sans pour autant renoncer aux anciens, quitte
à s’exposer à des dilemmes existentiels : trop de travail et trop de
responsabilités à la maison, trop de pouvoir et trop de vulnérabilité, trop de
confort et pas assez de bonheur », explique Hanna Rosin, dans The end of
men[1].
Dans le même temps, ajoute-t-elle, l’homme stagne, « reste égal à
lui-même. Son mode de vie et ses perspectives d’avenir n’ont pas évolué.
Plusieurs professions se sont féminisées, mais quasiment aucune ne s’est
masculinisée ». Et d’enfoncer le clou : « Depuis quarante ans,
le temps que les hommes consacrent aux tâches ménagères et à l’éducation des
enfants n’a pratiquement pas augmenté. Or, parallèlement, les femmes ont
investi en masse le marché du travail. La mère qui travaille est devenue la
norme. Le père au foyer reste l’exception ». En d’autres termes : les
femmes ont creusé leur trou, assis leur autorité, leur supériorité en quelque
sorte, tandis que les hommes s’embourberaient, s’empêtreraient dans une
situation de plus en plus défavorable.
Dans son roman-feuilleton Les Chroniques
d’Edimbourg, Alexander McCall Smith prête à un chauffeur de taxi ces
pensées : « Par les temps qui couraient, les hommes étaient en piteux
état ; enfin, presque tous. C’étaient les femmes qui les avaient
déstabilisés, leur avaient ôté leurs certitudes, avaient miné leur confiance en
eux. Et maintenant qu’ils s’effondraient, elles s’efforçaient de ramasser les
morceaux. Le problème, c’est qu’il était trop tard. Le mal était fait ».
Les femmes auraient en quelque sorte déstabilisé l’ordre social établi,
dévissant de son socle la suprématie masculine.
Selon Hanna Rosin, « Aux Etats-Unis, trois femmes obtiennent chaque année
un diplôme d’études supérieures, contre seulement deux hommes. Parmi les quinze
secteurs d’activité censés enregistrer la plus forte croissance aux Etats-Unis
dans les dix années à venir, douze sont majoritairement féminins. L’économie
américaine se féminise ». « Les hommes bénéficiaient jadis d’un
avantage numérique et physique, mais l’économie postindustrielle n’a que faire
des muscles », assure-t-elle encore.
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