Il y eut d'abord ce chiffre : 216.000. Plus de 200.000 enfants abusés sexuellement par des hommes d'église, en France, entre 1950 et 2020. La violence de cette information nous a tous frappés. Et puis, il y a eu les analyses et tentatives d'explication qui s'en sont suivies. La plus fréquente, la plus délirante, étant à mon sens celle-ci : des hommes d'église violeraient des enfants parce que leur choix de vie les prive de femmes. On violerait des enfants quand on ne peut pas assouvir ses besoins sexuels avec des femmes. Comment peut-on un seul instant penser comme cela ? Comment ne pas voir plutôt que c'est le sentiment de toute puissance, de domination qui pousse ces hommes à violer des enfants ? Ils ont là face à eux des enfants innocents, confiants, dont ils estiment qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent puisque leurs parents les leur ont confiés, des enfants dont ils savent d'avance que le risque qu'ils parlent est infime. Ces hommes sont sûrs de leur impunité. Jean-Marc Sauvé va jusqu'à considérer que, "dans un certain nombre de cas, des prédateurs ont opté pour cet état de vie (être homme d'église, ndlr), pour cette condition, afin d'accéder aux enfants et de pouvoir en abuser". Ce n'est donc pas une question de célibat contraint, mais bien une histoire de pédocriminalité et de domination.
De la même manière que ces hommes de théâtre dénoncés depuis quelques jours sous le hashtag #MeTooTheatre. Ils ont semble-t-il toujours eu un sentiment d'impunité, se sentant le droit de harceler ou d'agresser les jeunes comédiennes, majeures ou non. Ainsi que l'écrit l'une d'entre elles, le pire, "c'est que ces mecs jouent, continuent de jouer, d'être engagés. Ce sont les filles qui doivent se taire et partir. Ce sont les filles, leurs corps, qui sont interchangeables. Le mec, même le pire connard, reste en place". La domination, le sentiment de toute puissance, encore et toujours. Comme à Centrale Supélec, cette école où une enquête interne a mis en lumière plus de cent faits de violences sexistes et sexuelles sur la seule année écoulée, dont un tiers de viols.
A quel moment ces agresseurs cesseront de se sentir libres de continuer de tels actes ? Quand la domination de ces êtres sera-t-elle mise à mal ? Et comment ?
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