jeudi 7 octobre 2021

Conciliation vie de famille / vie pro : les questionnements des femmes

Retour à la case départ. Il y a huit ans, je commençais à interviewer des femmes autour de moi, puis des femmes autour de ces premières, afin de comprendre où nous en étions, collectivement, dans nos vies. J'avais trois enfants, j'avais vécu constamment la tête dans le guidon, sans avoir à un seul moment l'idée de me poser pour constater où j'en étais de mon existence et de mon bonheur. Je me suis arrêtée, j'ai réfléchi. Et j'ai réalisé à quel point je m'étais un peu comportée en rouleau compresseur pendant des années, combinant vie professionnelle tambours battant, vie privée à cent à l'heure. Cela m'apparaissait d'un coup une évidence : cette surenchère constante dans toutes les sphères de ma vie n'avait pas de sens. C'est la raison pour laquelle j'avais commencé à enquêter dans mon entourage. 

J'avais besoin de comprendre si j'étais la seule à analyser les choses de cette manière. Autour de moi, j'allais échanger avec des femmes aux profils très différents. Il y avait cette femme qui avait trois enfants, un poste à temps plein, et considérait qu'en France, nous disposions des infrastructures et des solutions pour parvenir à concilier vie de famille et vie professionnelle. Je lui avais répondu: "mais ce ne sont pas ces infrastructures qui t'aident pour les devoirs des enfants, les douchent, préparent ton dîner, font tes courses, ton ménage, donnent du temps, de l'écoute et de l'amour à tes enfants, t'aident à avoir une vie sociale, une troisième vie à côté de celle de mère/épouse et de femme active". Raison pour laquelle une autre de mes interlocutrices m'avait confié que travailler à 100% n'était plus possible pour elle. Elle était passée aux 4/5è et, dans le même temps, avait décidé de baisser le niveau d'exigence en matière de corvées ménagères.


Une autre encore, partant du principe que la perfection n'existe pas, insistait sur l'importance de se ménager un minimum de vie en dehors de la maison et du travail. Un peu de temps rien que pour soi, une respiration. "Mon exutoire, c'est le sport", affirmait aussi une autre mère, qui précisait : "principalement sur des créneaux que je ne prends pas sur le temps familial, par exemple le matin au lever ou bien entre midi et deux". Petit plaisir partagé par cette directrice de magasin qui, travaillant le samedi et avec des horaires et responsabilités étendues, avait tiré un trait sur pas mal de choses : "les sorties scolaires, c'est sans moi. Les devoirs, c'est sans moi. Les activités du samedi, c'est sans moi".

Pas de quoi rassurer cette dernière femme, en pleine réflexion sur la possibilité d'un enfant, qui s'était dite "complètement déprimée" par nos échanges. "Déjà, avec mon travail, je n'ai le temps de rien faire d'autre. Donc la question est : est-ce que je pourrais continuer à partir en déplacement à l'étranger tous les trois mois avec un enfant et un papa dont je sens qu'il va être formidable mais-pas-les-couches-ni-le-médecin-ni-les-devoirs-ni-la-douche ?".           

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