lundi 10 mai 2021

Quand le monde moderne bouscule le storytelling patriarcal

Attention révélation. Hier soir, j'ai regardé M6. Autant être claire, ça ne m'arrive pas tous les jours. Mais je suis tombée sur un Zone interdite qui traitait de l'attrait des franciliens pour la province. Bon, pas de quoi tomber à la renverse. Ce qui a retenu mon attention, c'est l'histoire de ce couple de parisiens qui, avec deux enfants - deux petites filles - a décidé de partir vivre près d'Avignon. On les appellera Mélanie et Jonathan - je n'ai pas retenu leurs prénoms. Pour changer de vie, Jonathan a du mettre un terme à son contrat de travail. Il a signé une rupture conventionnelle et se retrouve donc au chômage. Mélanie, quant à elle, est parvenue à obtenir la possibilité de télétravailler trois jours par semaine. Les lundis et mardis, elle est sur Paris. La voici donc qui jongle entre sa vie de provinciale, avec grande maison, piscine et soleil et deux jours à Paris, où elle se rend en TGV, avec sa petite valise à roulettes et passe la nuit du lundi au mardi chez un oncle en banlieue parisienne. On la montre telle une working-girl, qui court dans les couloirs du métro, le téléphone vissé à l'oreille, etc. Quand elle est chez elle, elle apprend à jongler entre son ordinateur portable et ses deux filles qui plongent dans la piscine.

Et puis il y a Jonathan. A 36 ans, alors qu'il devrait être "bien installé professionnellement", selon ses propres mots, le voilà sans emploi. C'est pas encore la déprime, mais ça pourrait bien arriver. Car l'air de rien, il réalise que ce ne sera pas si simple de trouver du travail en province et il se retrouve à avoir une vie qu'il n'avait pas imaginé : il s'occupe de ses filles. Il les aide à faire leurs devoirs - "ça va, programme de CE2, j'arrive encore à suivre", dit-il - et a même appris à les coiffer, excusez du peu. Elles ont 8 et 4 ans et depuis 8 ans, il n'avait pas encore appris à faire une simple queue de cheval. Où était-il donc ces 8 dernières années ? Quel rôle jouait-il dans leurs vies ?

Sans en avoir l'air, ce reportage montre de façon caricaturale un inversement des rôles présumés entre madame et monsieur. Madame fait marcher la planche à billets, monsieur est à la maison et s'occupe de la progéniture. Monsieur n'a pas l'air ravi de la situation, madame comprend que sa vie va être une course continue. Ce reportage décrit une famille que l'on ne nous montre pas beaucoup, une réalité qui contredit le storytelling patriarcal habituel, "l'ordre établi" en quelque sorte. 

 

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