jeudi 14 octobre 2021

Nos filles, ces corps qui se montrent

Hier soir, la fédération de parents d'élèves dont je fais partie organisait un soirée d'échanges autour de l'adolescence et des réseaux sociaux. Nous souhaitions pouvoir échanger entre parents, conseiller potentiellement ceux qui étaient mal à l'aise sur ce sujet ou qui peinaient à restreindre l'addiction devenue évidente de leurs enfants. Et puis, nous avions demandé au conseiller principal d'éducation du collège de la ville à venir. Nous connaissions son implication sur ces sujets, nous savions qu'il serait un "grand témoin" idéal pour faire comprendre aux plus confiants d'entre nous qu'il y a danger à ce que nos chères têtes blondes s'inscrivent sur ces réseaux. 

A l'issue de la soirée, une mère de collégiens, pourtant consciente des dérives possibles, m'a confiée : "je suis estomaquée, je ne pensais pas que c'était à ce point. Ca fiche une claque". Parce que voilà, dans les histoires que rapporte ce conseiller d'éducation, il n'y a pas que des petites fâcheries entre élèves. Il y a du lourd, du très lourd. Ce qu'il raconte, c'est l'histoire de cette jeune fille de 12 ans, en 5è, qui a eu une relation sexuelle avec un autre collégien. Celui-ci a filmé l'acte à l'insu de la jeune fille et a diffusé la vidéo sur Whatsapp pour en faire profiter les copains. Ce qu'il raconte, c'est ce groupe Whatsapp d'enfants de 6è qui, l'an dernier, en l'espace d'un week-end, a échangé plus de 900 messages contenant photos et vidéos pornographiques. 

 

Ce qu'il raconte, c'est ce nombre grandissant de jeunes filles réservées et discrètes qui, en quête de popularité, postent des photos d'elles dévêtues ou tendancieuses sur Instagram, se retrouvent rapidement avec des centaines de followers, puis, prises à leur propre piège, se sentent poussées à montrer plus encore. Ce qu'il dit, c'est : attention à ce qui se passe dans les chambres de vos enfants, le soir. Il y a urgence à faire comprendre aux enfants qu'ils sont des proies en puissance. Les filles, plus singulièrement, qui demeurent crédules et naïves et ne mesurent pas le danger qu'il y a à être suivie par de faux profils - qu'elles ne savent pas identifier - et dont les images font le tour de la cour de récré en deux temps trois mouvements. Traitées de putes, elles finissent par aller vider leur sac dans le bureau du CPE. Mais le mal est fait. Elles ont été réduites à leur corps. Elles se sont données à voir et, ce faisant, ont ruiné leur confiance en elles. Elles cherchaient simplement à sortir du lot, à être entourées, elles voulaient avoir des amis, être populaires. On ne les voit plus que comme des objets sexuels.

Conscient de la portée de son discours, le CPE explique : si votre enfant demandait à sortir en ville après le diner, la nuit, pour retrouver des gens que vous ne connaissez pas, vous ne le laisseriez pas faire. Pourquoi le faire sur les réseaux sociaux ? Pourquoi laisser nos enfants "sympathiser" avec des gens dont on ignore tout, des prédateurs potentiels qui se cachent potentiellement derrière de faux profils ? Pour mémoire, les réseaux sociaux sont interdits aux moins de 13 ans. Ce n'est pas pour rien. Il y a urgence à ce que nous accompagnions au mieux nos enfants, à ce que nous mesurions l'ampleur du problème, à ce que nous ne considérions plus, collectivement, que le téléphone est une part d'intimité de notre enfant, un jardin secret. Ce n'est pas le cas.

 

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