lundi 18 octobre 2021

Ces femmes qui "accouchent" de projets

"Mon bébé", ces deux mots que les femmes utilisent si souvent et parfois, à tort et à travers, y compris quand elles n'ont pas d'enfant. Avez-vous remarqué en effet cette habitude déconcertante des femmes de dire cela : "mon bébé"? Elles le disent pour parler de leurs enfants, bien sûr, mais elles le disent aussi pour parler de la personne avec qui elles partagent leur vie ou pire encore, à propos de leur animal de compagnie. 

Surtout, et c'est là que ça m'interroge, elles le disent à propos de leurs créations. De nombreuses auteures par exemple filent la métaphore de l'enfantement quand elles évoquent le dernier ouvrage qu'elles ont fait paraître. Plus largement, dans bien des professions, on peut constater cette fâcheuse habitude des femmes quand leur projet est abouti. Le processus créatif est alors vécu comme une mise au monde et elles utilisent cette idée de l'enfantement, sans même, souvent, s'en apercevoir. Créer, aller au bout d'un projet serait pour ces femmes comparable à avoir un enfant. Elles veulent montrer que ça vient de leurs tripes, qu'elles y ont mis tout leur coeur. Leur esprit ne s'est pas investi tout seul, leur corps était mobilisé aussi. Elles ont tout donné. Comme elles l'auraient fait pour accoucher. Il leur arrive même de dire, pour montrer combien ce projet était complexe, que ce fut pour elles "un accouchement dans la douleur".

Mais avez-vous jamais entendu un homme utiliser cette comparaison ? Pour ma part, absolument jamais. Est-ce que cela a à voir avec le fait que les hommes, par définition, n'accouchent pas ? Ou bien qu'ils parviennent à cloisonner plus efficacement ce qui a trait aux projets professionnels et ce qui concerne uniquement leur vie privée ? Sans doute un peu des deux. Et c'est heureux.

Je ne crois pas avoir jamais utilisé cette comparaison, en ce qui me concerne. J'avoue être dérangée quand une femme me parle de son "dernier bébé" qui s'avère ne pas être du tout un enfant mais bien un projet parvenu à concrétisation. On pourrait considérer cette manie anecdotique, si ce n'est qu'elle renvoie à nouveau à cette idée que les femmes seraient avant tout des utérus en puissance. Il est à mon sens problématique de participer nous-mêmes à cette vision ratrograde et machiste de la femme en utilisant ce type de comparaisons.


Lire aussi :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire