jeudi 25 novembre 2021

Violences sexuelles : quand les hommes de pouvoir discréditent les femmes qui les dénoncent

Il fallait entendre Laurence Rossignol hier soir, sur France info TV, s'exprimer sur l'affaire Hulot. Il fallait l'écouter et mesurer ce qu'elle dit. Il faudra sans doute aussi l'écouter ce soir, dans Envoyé spécial, sur le même sujet, et écouter attentivement les témoignages de ces femmes qui accusent Nicolas Hulot de viol. La sénatrice et ancienne minisre en charge des femmes, mesurant ses mots, déplorait qu'une fois de plus, Nicolas Hulot contre-attaque avant que la parole des femmes ne soit entendue. Il avait été invité à s'exprimer par les journalistes de Envoyé spécial. Il a refusé, mais est allé sur BFM TV dès hier matin pour annoncer son retrait de la vie publique et clamer son innocence. Il refuse que l'on s'en prenne à sa dignité, dit-il. Se drapant ainsi dans son innocence supposée, il a cherché à décrédibiliser les femmes qui l'accusent avant même que leurs témoignages ne soient entendus. Il les a traitées de menteuses avant même de savoir ce qu'elles ont à dire. Au fond, il a dégaîné le premier.
Admettons qu'il soit innocent, admettons qu'elles mentent. Quel homme met en scène les choses de cette manière ?

J'entends que la justice ne se rend pas dans les médias mais dans les tribunaux, c'est vrai. Mais en matière de violences sexuelles, comment prouver ses dires face à un juge ? C'est toujours une affaire de parole contre parole, étant donné que les faits se déroulent dans l'intimité. Au mieux, on trouvera des personnes qui viendront évoquer des rumeurs, des réputations. "Pensez donc, cet homme pouvait avoir toutes les femmes qu'il voulait, pourquoi l'aurait-il violée ?" Ou à l'inverse, comme ce que l'on entend dans l'affaire PPDA, "tout le monde savait mais l'homme est puissant, personne ne se serait risqué à parler". S'agissant de l'avocat Juan Branco, mis en examen hier pour viol, on entend qu'il s'agit d'une machination contre ce jeune homme beau et brillant et que la justice va vite dans son cas parce qu'il dérangerait le pouvoir en place.

PPDA et Hulot au forum des femmes en 2016 (sic !)

Dans toutes ces histoires, ce que j'observe, c'est que, constamment, on discrédite les femmes, on les invisibilise, on les traite de menteuses. Ces hommes accusés sont montrés comme des victimes, on leur ouvre grand les plateaux télé et les tribunes médiatiques pour qu'ils montrent combien ils sont touchés par ces attaques. Pour un peu, ils vous feraient de la peine.

Je ne dis pas qu'ils sont coupables. Je n'en sais rien. Mais à mon sens, ils auraient tout à gagner à faire profil bas, à ne pas se rendre sur les plateaux télé, à ne pas répondre aux sollicitations médiatiques. Ils auraient tout intérêt à se taire et à laisser la justice faire son travail, puisqu'ils critiquent ces femmes qui utiliseraient les médias pour les salir. Que ne le font-ils pas ?

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