lundi 12 février 2018

Darmanin, Hulot : Marlène Schiappa en porte à faux...

Il y a quelques jours, quand Jonathann Daval finit par avouer avoir assassiné son épouse, sans aucune retenue, la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa fulmine. Sur RTL, elle s'enflamme : "Ça n'est pas passionnel, ce n'est pas une dispute, ce n'est pas un drame passionnel, c'est un assassinat". Alors qu'elle devrait se taire, sa voix porte quand elle dénonce un exemple de "victim blaming", l'avocat de Jonathann Daval théorisant la "personnalité écrasante" d'Alexia. Si la secrétaire d'Etat se défend d'avoir souhaité influencer le travail de la justice, c'est pourtant bien ce qu'elle fait, implicitement.
Pour sordide que ce soit cette affaire, quand on est membre du gouvernement d'un pays où la justice est indépendante, d'un pays démocratique, on se tait.

Etrangement, quand ce sont des membres de ce même gouvernement qui sont visés par des affaires de "moeurs", la secrétaire d'Etat ne pipe mot sur le fond mais lance un "appel à la retenue de la presse" sur BFM TV. Dans le JDD, elle écrit, à propos de l'affaire Hulot : "dès lors qu'une plainte est déposée, c'est à la justice de travailler". Elle ajoute : "Ma mission est de conduire des politiques publiques". Sous-entendu : pas de hurler avec les loups ou de commenter les histoires colportées par la presse. Elle se plaint ensuite d'être "littéralement poursuivie par des journalistes", en quête de réactions sur les affaires Darmanin et Hulot, ces mêmes journalistes ne s'intéressant pas le moins du monde aux actions qu'elle mène en tant que secrétaire d'Etat, en profite-t-elle pour souligner.



On m'accusera peut-être de prendre la défense de ma profession mais enfin tout de même : madame Schiappa, si vous n'aviez pas commenté cette affaire Daval en vous emportant contre l'avocat de l'auteur des faits, si vous n'étiez pas si prolixe - souvent fort à propos, je le reconnais - sur le sujet des violences faites aux femmes et si les membres du gouvernement auquel vous appartenez étaient si vertueux qu'aucune femme n'avait jamais porté plainte contre eux, sans doute les journalistes ne vous tendraient pas leur micro.

Comment accepter de s'asseoir à la table de ces messieurs en conseil des ministres quand on cherche à oeuvrer pour en finir avec les violences faites aux femmes ? Car quand même, dans l'histoire de Gérald Darmanin, il y aurait à tout le moins abus de faiblesse (voir ici : Plainte contre Darmanin... ). Dans celle de Nicolas Hulot, on parle d'agression sexuelle, en 1997, sur une jeune femme d'à peine 20 ans (voir ici : Nicolas Hulot). Que les faits soient prescrits, peu importe. Que monsieur Hulot soir un "homme charmant", comme l'écrit Marlène Schiappa dans le JDD, on s'en tamponne. Marlène Schiappa dénonce habituellement le dénigrement dont font l'objet les victimes dans ce type d'affaires. C'est précisément ce qu'elle fait ici. Elle les oublie. Pas un mot de compassion à leur égard. Rien.

Peut-être est-elle sommée de la boucler par Edouard Philippe et Emmanuel Macron. Peut-être. 
Mais comme l'a exprimé la sénatrice Laurence Rossignol sur France Info ce matin, "le pouvoir politique s'est arrogé dans ces deux affaires le pouvoir de dire : la victime ment et c'est tout ce sur quoi on se bat depuis que l'affaire Weinstein a permis de libérer la parole des femmes (...). C'est un mauvais message pour les autres victimes".

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