L'égalité entre les hommes et les femmes sur le marché du travail reste un sujet en France, en Europe et dans le monde. Les chiffres sont têtus. En France, les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes. En Europe, ce chiffre tombe à 16,7%. En cause, tout un tas de réalités qui continuent de plomber les carrières féminines : les femmes accèdent difficilement aux postes à responsabilités, les femmes sont recrutées avec des salaires inférieurs à ceux des hommes, elles sont moins bien considérées parce qu'on suppose d'entrée de jeu qu'elles ont ou auront des enfants, que donc elles seront moins investies que les hommes dans l'entreprise, plus souvent absentes...
Dans un documentaire diffusé ce mardi soir sur la chaîne LCP, Le travail a-t-il un sexe ?, la présidente du Haut conseil à l'égalité (HCE), Brigitte Grésy remarque que les femmes constituent le seul groupe discriminé qui se caractérise par une double image : une image positive - "la mère, celle qui protège" - et une image négative - "c'est celle qui séduit, c'est la putain". Selon elle, "cette double image intervient dans les relations de travail de façon inconsciente et cela pervertit le relationnel hommes-femmes".
Brigitte Grésy |
De fait, en France, 20% des femmes sont harcelées sexuellement au cours de leur vie professionnelle et 80% des femmes salariées sont régulièrement confrontées à des comportements sexistes. Pour Brigitte Grésy, "ces comportements et attitudes sexistes infériorisent les femmes" et cela conduit ces dernières à s'autocensurer, à s'autofragiliser. Tant et si bien que l'on a beau mettre en place des législations favorisant l'égalité entre femmes et hommes dans l'entreprise, ces politiques ne produisent des effets que de façon lente.
Par ailleurs, nous en sommes toujours au stade où sur le marché du travail, un diplôme de femme vaut moins qu'un diplôme d'homme. Pire, si les enfants sont un accélérateur de carrière pour les hommes - plus ils ont d'enfants, plus ils sont jugés responsables, plus on les promeut -, c'est tout l'inverse pour les femmes. On en est toujours à ce stade parce que la charge parentale reste en majorité le fait des mères, de même que 80% des tâches domestiques. Autrement dit, l'égalité entre les femmes et les hommes au travail est empêchée par la vie privée : si femmes et hommes s'investissaient à parité pour tout ce qui résulte de la vie de famille, alors il n'y aurait plus aucun frein à ce qu'ils soient traités à égalité dans le monde de l'entreprise. C'est la raison pour laquelle il importe tant que la politique familiale s'améliore en matière de congé paternité : favoriser la présence des pères dans la sphère familiale dès la naissance de l'enfant améliorera l'investissement des hommes à la maison. Ainsi, la part de tâches dévolue aux mères devrait progressivement diminuer. Tout mis au bout, un meilleur équilibre entre femmes et hommes à la maison comme au travail devrait s'opérer. Cette démarche apparaît d'autant plus souhaitable que le concept de la carrière à tout prix n'a plus de sens aujourd'hui. Les nouveaux venus sur le marché du travail ne craignent plus de dire qu'ils aspirent à une vie plus équilibrée. Il est donc plus que jamais temps d'opérer ce changement de modèle de société.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire