jeudi 12 décembre 2019

Trajectoire professionnelle : les femmes osent les virages à 180°

Lucie tient une boutique dans une petite ville de région parisienne. Elle a 45 ans, elle se sent super bien dans ses baskets. Pourtant, rien ne la prédestinait à la vie qu'elle mène aujourd'hui. Après un bac scientifique, alors qu'elle aurait préféré de loin passer un bac littéraire - "comme j'étais bonne élève, tout le monde me disait qu'aller faire un bac A, c'était du gâchis, n'importe quoi !" - , elle se retrouve sur les bancs d'une fac de médecine où elle rencontrera celui qu'elle épousera. Il deviendra médecin. Elle s'arrêtera en chemin, pour bifurquer vers le secteur médico-social. Elle souhaite alors s'investir dans le secteur du handicap. Il y a tant à faire !

D'abord hyper heureuse de se retrouver dans ce métier qu'elle juge essentiel, elle déchante peu à peu. La France non seulement ne sait pas prendre en charge correctement les personnes handicapées - quel que soit le handicap -, mais elle n'y consacre que trop peu de moyens et voudrait plutôt cacher ces milliers de personnes plutôt que de leur permettre de vivre normalement. Lucie se bat pour obtenir des bouts de chandelle. Elle s'épuise à la tâche. Peu à peu, elle a même honte de ne pas parvenir à faire mieux, à faire plus. Elle finit par démissionner. "J'avais 38 ans. On peut dire que j'ai fait ma crise de la quarantaine", sourit-elle.



C'est le moment de prendre un tournant dans sa vie. Elle se donne le temps de la réflexion, profite de ses enfants, et se remet à créer. Elle peint, travaille la résine. Les loisirs créatifs sont à la mode, elle en teste tout un tas, elle a toujours adoré ça. Avec l'avènement de l'auto-entrepreunariat, de nombreux talents se sont mis à vendre leurs créations. Lucie observe que toute cette sauce prend mais que tous ces créatifs ont du mal à vendre leur travail. Qu'à cela ne tienne, elle décide d'ouvrir une boutique où elle mettra en valeur toutes ces créations. Ce ne sera pas simple, c'est sûr. Mais si elle échoue, elle seule sera en cause. Il n'y aura pas au-dessus d'elle une institution pingre qui lui refuse tout. Elle seule sera décisionnaire.

A ce stade, le pari audacieux de Lucie semble payant. Son ancienne vie est devenue un lointain souvenir. " J'observe que de très nombreuses femmes font, comme moi, des virages à 180° dans leur vie professionnelle. Je n'ai pas l'impression que ce soit pareil du côté des hommes", remarque-t-elle. Et d'émettre des hypothèses : "Est-ce parce qu'ils ont de toutes façons de plus belles carrières que nous, parce qu'ils gagnent plus d'argent et ne veulent pas risquer de perdre ça, ou est-ce parce qu'ils sont moins téméraires que nous ?"

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