mardi 11 juin 2019

Sport : montrer les femmes, une nécessité

Le saviez-vous ? Cette année, si vous souhaitiez assister à la finale homme du tournoi de tennis de Roland-Garros, la place la plus chère était vendue 300 euros. Mais si c'était la finale femmes qui vous intéressait, alors le prix tombait à 240 euros.

Le premier match de la coupe du monde de football féminin s'est tenu en fin de semaine dernière au Parc des Princes. Pas au stade de France, non, au Parc des Princes. Imaginez deux secondes que l'on fasse subir la même chose à l'équipe des garçons... On notera au passage que cela n'a pas empêchée les Bleues de gagner haut la main, face à la Corée du sud. Et d'aucuns signaleront qu'à l'occasion de cette ouverture de la coupe du monde féminine, la Patrouille de France a assuré le show. C'est bien le signe que l'on accorde des moyens au sport féminin, non ?



Les membres de l'équipe de France de football ont été décorés de la légion d'honneur il y a quelques jours, comme le furent avant eux ceux de l'équipe des Bleus de 1998. Et la handballeuse Béatrice Edwige de demander pourquoi l'équipe de France de hand féminine, championne du monde en 2017, n'a pas reçu cette décoration. « Avec l’ensemble des titres remportés par l’équipe de France féminine de handball, sommes-nous, nous aussi, légitimes à recevoir la Légion d’honneur ? », demande-t-elle à l'Elysée.

Le sport féminin, quels que soient ses résultats, est toujours considéré au-dessous du sport masculin. Tellement moins rémunéré, moins médiatisé, on lui accorde moins de moyens. On le déconsidère. Ainsi, fin mai, les femmes de l'équipe de France de football, à quelques jours du début de la coupe du Monde, ont été priées de quitter le centre de Clairefontaine où elles se préparaient, parce que les joueurs de l'équipe masculine devaient se préparer pour un match amical. Sans enjeu donc. les garçons étaient prioritaires sur les filles qui elles, allaient débuter leur coupe du monde. Les exemples sont légion qui montrent combien, dans ce pays qui se targue de militer pour l'égalité entre les sexes, les femmes, quels que soient leurs talents, doivent demeurer dans l'ombre des hommes.

On me dit : la coupe du monde féminine a débuté au parc des Princes car si on avait fait le choix du Stade de France, il aurait été compliqué de parvenir à remplir les gradins. Ça aurait fait mauvais genre, un match d'ouverture dans un stade qui ne serait pas plein. Qu'est-ce qui nous permet de penser que cela aurait été le cas ? S'il n'avait pas été plein, on aurait de toutes façons toujours pu inviter des clubs de football de la région à assister à ce match. On les aurait rempli ces gradins. Il suffisait de le vouloir.

De même, les tarifs seraient moins élevés pour assister à des matches disputés par des femmes, quel que soit le sport, pour la même raison, pour être sûrs de parvenir à remplir les gradins. Si c'est trop cher, les gens ne viendront pas, dit-on. Mais c'est le serpent qui se mord la queue un peu, non ? Tant qu'on ne médiatisera pas plus le sport féminin, que l'on honorera pas plus le succès de ces femmes d'exception, que l'on ne montrera pas aux petites filles de ce pays qu'elles aussi, peuvent s'épanouir dans des sports considérés comme la chasse gardée des garçons, alors on ne remplira pas les gradins. On maintiendra ces sportives dans des petits stades, on les cachera presque. Et alors le sport de haut niveau restera associé à des modèles masculins. Il y a quelques jours, j'entendais un sujet à la radio où le journaliste demandait à des passants de lui citer des noms des femmes de l'équipe de foot. Evidemment, rares étaient les personnes en mesure de donner des noms. Et à aucun moment du sujet le journaliste n'a fait son mea culpa, façon : si on parlait plus des sportives nous les journalistes, alors elles seraient plus connues.

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