Il est de ces petites humiliations, de ces vieux relents patriarcaux qui, à la longue, énervent un peu. L'avis d'imposition qui arrive nécessairement au nom de monsieur, avant celui de madame, ce courrier destiné à madame suivi du prénom et du nom de l'époux - aucune femme ne s'appelle madame Robert Dugenou ! -, cet appel téléphonique du garagiste ou du plombier qui vous dit : "Est-ce que vous pouvez me passer votre mari ?" (a priori, parce que tu es une femme, tu ne peux pas comprendre de quoi il s'agit), ces documents administratifs qui vous demandent toujours votre "nom de jeune fille" (de grâce, préférons "nom de naissance")... Bref, toutes ces petites choses qui vous rappellent qu'avant d'être une personne dotée d'un cerveau, d'une existence propre, d'un compte en banque, vous êtes avant tout la femme d'un homme. A peu de choses près, sa possession, sa chose. Et que donc, nécessairement, c'est lui qui décide, lui qui prime, c'est à lui qu'on s'adresse.
Comme toujours, les mots ont un sens. Et quand bien même il ne faudrait pas y voir quoi que ce soit de nécessairement et volontairement humiliant pour les femmes, pourquoi ne pas prendre acte que depuis qu'elles ont obtenu le droit de travailler sans l'accord de leur mari, le droit de disposer d'un compte en banque qui leur est propre, le droit de voter, le droit de divorcer, de ne pas se marier, le droit en somme de faire ce qu'elles veulent, il serait d'utilité publique de cesser de les occulter et de préférer s'adresser à l'homme qui partage leur vie en toutes circonstances ? Serait-ce à ce point révolutionnaire d'accepter les idées que les femmes sont capables de prendre des décisions ?
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