"Le mythe d'Adam et Eve, en un sens, est le performatif originel : à partir du moment où on décrète que la femme vient après l'homme, qu'elle est créée à partir d'un bout d'homme et que c'est elle qui fait les bêtises en croquant la pomme, que c'est elle, la salope, et qu'elle a bien mérité d'enfanter dans la douleur, évidemment, c'est foutu pour elle. Manquerait plus qu'elle refuse de s'occuper des gosses"...
Laurent Binet, dans "La septième fonction du langage" n'y va quand même pas par quatre chemins. On sent bien -on espère- qu'il écrit cela avec beaucoup de dérision et de cynisme. Mais quand même, ça fait froid dans le dos, non ?
On est donc encore et toujours dans les clichés et puisque l'on parle d'Adam et Eve, cette semaine, il a été question, dans le journal télévisé de France 2, de "masculinité". Un reportage déroutant était diffusé. Il s'agissait d'un sujet tourné en Isère, à l'occasion d'un stage regroupant plus de 300 hommes, "fervents catholiques", rassemblés pour questionner leur place dans la famille, perdus par ce nouveau monde où l'on attend d'eux d'être "viril sans être macho, doux sans être mou". Pendant ce stage, l'un des organisateurs dira que "dans presque toutes les sociétés, on attend de l'homme qu'il ait ce rôle de guide, que parfois il marche devant"... Dans l'état d'esprit de ces hommes-là, il faut retrouver la société traditionnelle où maman est douce, attentive et où papa montre le chemin et n'a "de cesse que de sortir les enfants de la maison et de leur apprendre tout ce qu'il y a à apprendre à de jeunes enfants"... A aucun moment dans ce reportage il n'est question de la place des femmes. On attend simplement d'elle qu'elle soit douce et aimante.
Ce qui rappelle cette étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), intitulée "Quels stéréotypes sur le rôle des femmes et des hommes en 2014" qui pointait que "le modèle de la femme au foyer est soutenu par un cinquième des Français"...
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