2018. Quelque part en France. Une jeune fille - collégienne ou lycéenne - passe à la télé. On la voit échanger avec le président de la République. Elle semble timide et impressionnée. Il cherche manifestement à la rassurer, lui parle en la regardant dans les yeux, très près d'elle, et pose ses deux mains sur les épaules nues de la jeune fille. Surtout, il s'y attarde sur ces épaules, ne les lâche pas.
Quand j'ai vu ce passage pour la première fois, j'ai de suite pensé à cette fameuse réplique dans Dirty dancing : "Ceci est mon espace vital, ceci est ton espace vital".
Ici, le président de la République s'impose dans l'espace vital de la jeune fille. Elle est venue échanger avec lui, certes. Mais ça n'autorise pas cet adulte, cet homme à imposer son corps si près du sien. Ca ne l'autorise pas à la toucher.
J'ai visionné cette video plusieurs fois. Je me suis dit à plusieurs reprises que j'exagérais, que ce n'était pas si grave. Jusqu'à ce que j'imagine l'effet que ça me ferait si c'était une de mes filles à la place de cette jeune femme aux épaules nues que pelote le président de la République. Eh bien non, ça ne passe pas : tout président de la République qu'il est, il n'a pas à avoir ces gestes-là. Où a-t-elle consenti à ce qu'il la touche ? A quel moment lui a-t-il demandé s'il pouvait poser ses mains sur ses épaules ? S'est-il demandé si elle était d'accord pour ce geste ?
S'il n'était pas président de la République, peut-être que cette fille se serait reculée pour qu'il ne la touche pas, peut-être aurait-elle dégagé son emprise. Mais il représente l'autorité et cela se passe devant les caméras. Elle se laisse faire et il s'autorise à penser qu'il a le droit de faire cela. Et si ça durait deux secondes encore. Mais non, ça dure plus d'une minute trente. C'est une violence qui ne dit pas son nom, c'est la soumission tacite d'une jeune femme à la puissance du mâle blanc dominant. C'est la même chose que ces petites filles de 5 ans que le maire de la ville a embrassées l'un après l'autre : On embrasse les filles, on serre la main des garçons. C'est dire, une fois encore, que le corps féminin appartient à l'homme : s'il a envie d'y toucher, rien ne l'en empêche...
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