Fermez les yeux.
Imaginez :
Vous évoluez dans un monde idéal. Dans ce monde, les managers, les chefs d'entreprises sont hyper bienveillants avec leurs salarié(e)s désireux de fonder une famille. Pendant sa grossesse, madame se sent écoutée. Elle peut aménager ses horaires, elle a plus de facilité à télétravailler. S'il s'agit d'un projet d'adoption, l'entreprise accompagne les futurs parents en proposant l'aide d'experts pour la préparation du dossier. Les salariés étant dans une démarche d'aide médicale à la procréation peuvent à loisir s'épancher sur l'épaule de leur supérieur, confier leurs difficultés et se voir, là encore, proposer des horaires aménagés.
Dans ce monde idéal, on encourage bien entendu les pères à prendre leur congé paternité, on leur propose même des ateliers pour se préparer à devenir père. Au moment du retour à son poste de la maman, son équipe a décoré son bureau, affiché le faire-part de naissance du bébé, prévu de la faire travailler en binôme pour pallier les absences liées au fait d'avoir un bébé - rendez-vous médicaux et autres... - et elle a, si elle le désire, la possibilité d'allaiter sur son temps de travail. Bien entendu, dans ce monde idéal, les crêches d'entreprises se sont beaucoup développées, de même que, pour les enfants plus grands, l'aide aux devoirs, les activités périscolaires, etc.
Dans ce monde idéal, les parents sont heureux, sereins. Et ce faisant, ce sont des salariés heureux. Tout le monde est gagnant. Ce monde idéal c'est celui décrit par l'Observatoire de la parentalité en entreprise et du réseau de crêches du groupe Grandir dans un guide publié cette semaine : Guide pratique de la parentalité en entreprise.
Ce monde idéal, malheureusement, on n'y croit pas une seconde. C'est de l'utopie pure. Le monde merveilleux des Bisounours. Le monde de l'entreprise n'a que faire des familles de ses employés. Il a besoin que ses salariés soient bien dans leurs baskets pour être efficaces et rentables quand ils travaillent mais ça ne va pas plus loin. Les crêches d'entreprises ont vocation à se développer parce qu'elles favorisent le présentéisme des salariés mais on peut douter de la volonté d'écoute des employeurs et de leur souplesse s'agissant des horaires, notamment. Qui plus est, appliquer ces conseils n'est possible que pour les entreprises disposant d'une masse salariale suffisante et de moyens financiers conséquents. Parce que le temps d'écoute, la flexibilité des horaires, le travail en binôme, les crêches d'entreprises, tout ceci a un coût que les entreprises modestes ne peuvent assumer.
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