"Si vous aviez été un garçon, vous auriez nourri des rêves d'aventure, de guerre, de voyages périlleux; vous auriez été un lecteur passionné de Jules Verne et de Spider-man. Etant une fille, vous rêvez d'être belle.
A chaque sexe ses dangers", écrit Nancy Huston, dans "Reflets dans un oeil d'homme".
A quoi rêvent les femmes, les filles, au fond ?
C'est une question qui revient souvent, lorsque, chez le marchand de journaux, je constate l'étendue de la presse féminine, ces catalogues de pub supposés te vendre du rêve. Je n'ai jamais tellement compris cette incroyable offre de magazines qui te montrent ce que tu es supposée porter, à quoi tu dois ressembler. En vertu de quoi guiderait-on tes choix vestimentaires ou autres ? Pourquoi les gravures de mode qui s'étalent sur du papier glacé font-elles rêver ? Quel idéal représentent-elles ?
Il y a quelques mois, une campagne de communication, Women not objects, était diffusée pour dénoncer la chosification des femmes, dénonçant le fait que "les filles grandissent en pensant que leur allure prime sur ce qu'elles ressentent, sur qui elles sont et sur ce qu'elles peuvent faire". Les medias et le monde de la mode sont largement responsables de cette situation.
Au-delà de ces conséquences gravissimes sur un certain pourcentage de jeunes filles à travers le monde, se pose aussi la question de ce que la mode et la presse disent de ce que c'est que d'être une femme aujourd'hui. On ne réduit, encore et toujours, le genre féminin qu'à son apparence physique. Peu importe ce que pensent les femmes, peu importe leurs compétences intellectuelles, leur personnalité, peu importe ce qu'elles ressentent et ce à quoi elles aspirent, pourvu que leurs mensurations soient idéales et leurs cheveux soyeux. N'est-ce pas ce que nous disent les photos prises lors des défilés de mode, où les mannequins doivent surtout ne pas sourire, masquant ainsi la personnalité de chacun. Uniformes, interchangeables, des cintres, en somme...
Défilé Dior 2011, photo AFP |
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