Sexisme ordinaire : le physique des femmes, toujours

Arrivée à la tête du Secrétariat d'Etat à l'Egalité femmes-hommes il y a quelques jours, Marlène Schiappa subit déjà des attaques. On lui reproche certaines prises de position, certains de ses écrits, etc. Rien à redire là-dessus. D'ailleurs, je ne suis pas la dernière sur ce plan-là. C'est de bonne guerre et cela fait partie de l'exercice de la démocratie.

En revanche, à l'instar de ses consoeurs d'autres partis politiques, Marlène Schiappa va avoir à subir des critiques sexistes en flux continu. Ca commence déjà. Ainsi, dans un article du 22 mai qui lui est consacré dans les colonnes de Causeur, on peut lire : "Et voilà Marlène Schiappa, sa chevelure de lionne et sa moue boudeuse,..." OK. Si l'article était rédigé à propos de Nicolas Hulot ou d'un autre membre du gouvernement de sexe masculin, aurait-on droit à ce genre d'incises ? Dirait-on d'Emmanuel Macron un truc du style "le président au brushing impeccable" ou de François Bayrou que son regard est énigmatique ? Pourquoi continue-t-on de ramener les femmes en continu à leur physique ?

De la même façon, Sibeth Ndiaye, conseillère du président, s'est vue de suite cataloguée pour son look qualifié de "décalé"...

Pour autant que je le sache, à l'exception du monde des spectacles au sens large ou de la mode, on n'est pas recruté sur son physique. Et l'on n'attend pas de femmes politiques qu'elle soient charmantes ou sexy.

En ce qui me concerne, j'attends de Sibeth Ndiaye qu'elle gère comme il se doit la communication présidentielle et j'attends de Marlène Schiappa qu'elle fasse vraiment avancer les choses en matière d'égalité entre les sexes. La secrétaire d'Etat peut bien se teindre les cheveux en bleu ou adopter un look gothique, peu m'importe.

Et j'attends des journalistes et observateurs divers et variés qu'ils s'intéressent au fond et non à la forme.

Je ne suis pas allée au bout de l'article de Causeur. Je n'ai pas dépassé ce second paragraphe où il est question de la chevelure de Marlène Schiappa. Et j'ai été effarée de constater que l'auteur de "l'article" est en fait une femme, Barbara Lefebvre, enseignante... Décidément, la Femme est un loup pour la Femme.