vendredi 10 mars 2017

D'où l'on vient...



C’est durant le siècle écoulé que la place de la femme dans la société a le plus évolué. Dans la société et singulièrement sur le marché du travail. Ironiquement, « merci » aux deux guerres mondiales qui ont imposé l’image d’une femme relevant le défi d’occuper des postes jusqu’ici masculins. Pour la professeure d’histoire contemporaine Sylvie Schweitzer[1], « la mémoire a retenu de ces années un afflux des femmes dans les usines ». De fait, les femmes faisaient déjà partie de la population active, recensées pour près de 7 millions d’entre elles comme telles depuis le début du siècle[2]. Mais le fait qu’elles travaillent pour l’effort de guerre, l’industrie de l’armement, les a montrées sous un jour nouveau. Les hommes partis au front, les femmes non seulement faisaient en sorte de faire manger les familles mais de surcroît elles apportaient leur aide aux soldats.
Sylvie Schweitzer ajoute : « Elles deviennent maréchales-ferrantes, boulangères, bouchères, gardes champêtres, prennent en charge les classes de garçons dans le primaire et le secondaire ». Les voilà donc visibles, par la force des choses. Elles ne se trouvent plus dans l’ombre de leur mari, elles existent.

Autre période marquante du vingtième siècle, essentielle s’agissant de la reconnaissance des femmes : les trente glorieuses et la montée en puissance de la salarisation. Ainsi, entre 1965 et 1970, près de 600 000 femmes seraient passées d’une situation d’inactivité à un emploi salarié en France. Le phénomène est tel qu’à partir de 1975, les femmes sont « pour la première fois dans l’histoire du travail, en proportion, plus salariées que les hommes », selon la sociologue Margaret Maruani et la statisticienne Monique Meron[3].
Devenues salariées, les femmes disposent désormais, officiellement, aux yeux de tous, d’une existence propre. Elles ne sont plus - ou plus seulement - « femme de… », elles sont… elles. Bien qu’il faille tout de même attendre 1965 pour que les femmes puissent exercer une activité professionnelle sans avoir besoin du consentement de leur mari, elles deviennent peu à peu autonomes et apportent des ressources financières supplémentaires pour faire vivre le foyer. « Entre 1954 et 2008, la part du salariat passe de 68% à 86% de l’emploi pour les hommes et de 59% à 93% pour les femmes », notent encore Margaret Maruani et Monique Meron. Une petite révolution s’est opérée.


[1] Sylvie Schweitzer, Les femmes ont toujours travaillé. Une histoire du travail des femmes, XIXè-XXè siècles
[2] Lors du recensement de 1901, 6,8 millions de femmes sont recensées comme actives (versus 13,9 millions en 2008)
[3] Margaret Maruani et Monique Meron, Un siècle de travail des femmes en France, 1901-2011

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