C’est durant le
siècle écoulé que la place de la femme dans la société a le plus évolué. Dans
la société et singulièrement sur le marché du travail. Ironiquement, « merci »
aux deux guerres mondiales qui ont imposé l’image d’une femme relevant le défi
d’occuper des postes jusqu’ici masculins. Pour la professeure d’histoire
contemporaine Sylvie Schweitzer[1],
« la mémoire a retenu de ces années
un afflux des femmes dans les usines ». De fait, les femmes faisaient
déjà partie de la population active, recensées pour près de 7 millions d’entre
elles comme telles depuis le début du siècle[2].
Mais le fait qu’elles travaillent pour l’effort de guerre, l’industrie de
l’armement, les a montrées sous un jour nouveau. Les hommes partis au front,
les femmes non seulement faisaient en sorte de faire manger les familles mais
de surcroît elles apportaient leur aide aux soldats.
Sylvie
Schweitzer ajoute : « Elles
deviennent maréchales-ferrantes, boulangères, bouchères, gardes champêtres,
prennent en charge les classes de garçons dans le primaire et le
secondaire ». Les voilà donc visibles, par la force des choses. Elles
ne se trouvent plus dans l’ombre de leur mari, elles existent.
Autre période
marquante du vingtième siècle, essentielle s’agissant de la reconnaissance des
femmes : les trente glorieuses et la montée en puissance de la
salarisation. Ainsi, entre 1965 et 1970, près de 600 000 femmes seraient
passées d’une situation d’inactivité à un emploi salarié en France. Le
phénomène est tel qu’à partir de 1975, les femmes sont « pour la première fois dans l’histoire du travail, en proportion,
plus salariées que les hommes », selon la sociologue Margaret Maruani
et la statisticienne Monique Meron[3].
Devenues
salariées, les femmes disposent désormais, officiellement, aux yeux de tous,
d’une existence propre. Elles ne sont plus - ou plus seulement - « femme
de… », elles sont… elles. Bien qu’il faille tout de même attendre 1965
pour que les femmes puissent exercer une activité professionnelle sans avoir
besoin du consentement de leur mari, elles deviennent peu à peu autonomes
et apportent des ressources financières supplémentaires pour faire vivre le
foyer. « Entre 1954 et 2008, la part
du salariat passe de 68% à 86% de l’emploi pour les hommes et de 59% à 93% pour
les femmes », notent encore Margaret Maruani et Monique Meron. Une
petite révolution s’est opérée.
[1] Sylvie
Schweitzer, Les femmes ont toujours travaillé. Une histoire du travail des
femmes, XIXè-XXè siècles
[2] Lors du
recensement de 1901, 6,8 millions de femmes sont recensées comme actives
(versus 13,9 millions en 2008)
[3] Margaret
Maruani et Monique Meron, Un siècle de travail des femmes en France, 1901-2011
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