"Jamais je ne serai zen avec ces gosses", me dit cette amie, à la faveur d'une conversation autour de nos chères têtes blondes. Je lui réponds : "je crois que c'est le principe, tu ne peux pas être zen quand tu as des enfants". J'ajoute : "c'est le truc majeur dont personne ne t'a jamais parlé avant que tu aies des enfants". Il est vrai que c'est aussi une question que tu n'as jamais posée. Avant d'envisager de devenir mère - ou père -, jamais tu n'as vraiment cherché à savoir l'ampleur des soucis qui t'attendaient. Pourtant, au fond, une fois devenu parent, que tes enfants soient en bonne santé physique et mentale ou pas, c'est comme ça : jamais tu ne seras vraiment zen.
A croire que c'est le contrecoup forcé de l'amour que tu portes à tes loupiots. Parce que tu les aimes, tu t'inquiètes pour eux, pour des raisons futiles et banales ou pour des sujets majeurs. Tu t'inquiètes, tu te poses des questions, tu cherches à les protéger mais tu ne veux pas non plus qu'ils vivent dans une bulle alors il faut bien qu'ils soient exposés un minimum. Tour à tour, tu les rassures, tu dédramatises, et puis tu les secoues un peu, parce qu'il faut bien qu'ils se battent pour faire leur place, qu'ils se défendent, qu'ils développent leur personnalité, leurs qualités.
Et puis, parce que tu as besoin de te situer et de situer ton enfant par rapport au monde qui l'entoure, tu tends l'oreille et tu entends tout un tas d'histoires d'enfants qui ont des difficultés scolaires, qui ont des difficultés de connexion sociale, des enfants qui sont rabaissés, des enfants qui subissent des violences, des enfants qui sont harcelés, des enfants qui n'ont pas confiance en eux, des enfants qui ne trouvent pas leur place... Tu relativises alors les inquiétudes de tes propres enfants et à la fois, tu ne peux t'empêcher de penser que rien ne les protège vraiment des difficultés de tous ces autres enfants dans la peine. Alors tu te dis que tu as beau retourner le sujet dans tous les sens, c'est certain : jamais tu ne seras vraiment zen avec tes enfants.
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