lundi 12 juillet 2021

Injonctions de la société : soyez comme tout le monde mais différents

Ce besoin de se comparer sans cesse. Vous avez remarqué comme on fait ça pour tout, tout le temps ? On ne s'en aperçoit même plus tellement ça nous arrive souvent. A tout bout de champ, qu'importe le sujet. La semaine passée, je parlais à ma meilleure amie d'une copine qui me fascine parce qu'elle cumule toute une série de raisons pour lesquelles la terre entière pourrait lui en vouloir : taille 36 après plusieurs grossesses, intelligente, dynamique et enjouée en continu, réussit tout ce qu'elle entreprend. La femme proche de la perfection quoi. Donc, je parle d'elle et mon amie me dit : "tu es toute fine toi aussi. Là-dessus, tu peux pas te plaindre". Sauf que je ne me plains pas. Je constate : cette femme est fascinante parce qu'exemplaire en tout. Je ne me compare pas à elle, je ne suis même pas jalouse, je trouve juste que c'est une femme à part. Je n'ai pas dit : elle est comme-ci, comme-ça et moi, je ne le suis pas. J'ai juste décrit cette femme qui me semble incroyable. 

 

Et puis, de façon assez semblable, mais sur un tout autre sujet, depuis que les vaccins anti-covid sont disponibles, vous l'avez sans doute remarqué aussi, on compare tous les symptômes que l'on a eus ou pas eus. Si moi je n'ai pas été malade après mes deux injections mais que toi, tu étais tout raplapla, est-ce que ça veut dire que mon corps est incroyablement résistant ou bien au contraire que ce vaccin est insuffisant pour moi ? Est-ce que c'est normal de n'avoir eu aucune réaction après ces injections ? Suis-je assez protégée contre cette maladie planétaire ? On demande à tout le monde comment son corps a réagi après les injections, comme si ça apportait quelque chose à notre propre expérience vaccinale. Comme s'il fallait avoir été malade suite au vaccin pour être comme tout le monde.

On le sait, les codes de nos sociétés ont pour effet de nous ranger dans des cases mais au fond, nous avons nous-mêmes cette fâcheuse manie. Comme si s'assurer d'être comme tout le monde faisait de nous quelqu'un de normal. Comme si nous avions besoin de rentrer dans le moule. A croire que cela nous rassure de ne pas sortir du lot, d'être comme tout le monde, de ne pas être singulier. Être différent nous rend un peu anxieux, finalement. Nous sommes un tantinet schizophrènes : nous voudrions nous fondre dans la masse mais nous voudrions aussi être nous-mêmes. Nous voudrions suivre le mouvement, comme des moutons, mais nous voudrions aussi parfois nous distinguer, être la tête qui dépasse, être remarqué, ne pas faire comme tout le monde, suivre notre propre chemin. Être semblable mais différent. Suivre les codes et s'en éloigner. C'est compliqué, non ?


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