Je vous parle d'un homme qui, les années passant, est de plus en plus présent sur les plateaux télé. Un homme aux idées outrancières, qui fait de la provocation son fonds de commerce. Un homme qui, en plus d'être ouvertement raciste, est également sexiste et misogyne. Un polémiste qui envisagerait de se présenter aux élections présidentielles et qui, parce qu'une femme a commencé à parler, fait l'objet de toutes les attentions. Eric Zemmour fait le dos rond. Il reste silencieux.
Il y a quelques jours, Gaëlle Lenfant, une élue d'Aix-en-Provence, écrivait qu'au début des années 2000, elle avait rencontré cet homme, lequel l'avait embrassée de force. Au regard de la loi, il s'agit d'une agression sexuelle. Alors, forcément, cette histoire pique la curiosité des journalistes, parmi lesquels plusieurs journalistes de Mediapart qui enquêtent. Hier 29 avril, le media publie les fruits de leur travail. Plusieurs témoignages de femmes qui racontent avoir subi des agressions de sa part. A certain égard, ça nous rappelle les accusations portées contre Patrick Poivre d'Arvor.
A ceci près que Eric Zemmour bénéficie du soutien incroyable d'une multitude d'anonymes qui, sur les réseaux sociaux, démontent le travail de l'équipe de Mediapart, prétendent que l'on cherche à détruire Zemmour parce qu'il pourrait bien être un candidat d'envergure pour les élections de 2022, évoquent une campagne de calomnie, une tentative de déstabilisation. Une véritable fan-club qui voit son chouchou à l'Elysée et se transforme en bande de trolls, accusant les journalistes de Mediapart de faire de la propagande, de se comporter comme au temps du communisme, etc. Ils ne défendent pas Eric Zemmour sur les faits qui lui sont reprochés mais sur la raison supposée pour laquelle on s'en prendrait à lui. Il s'en trouve évidemment pour qualifier cet homme de "charmeur" mais aucun, nulle part, ne prétend que le polémiste n'est pas homme à agresser des femmes. Personne ne le défend sur ce plan-là. A croire qu'il est acquis pour tout le monde, y compris pour ses fans, qu'il est tout à fait capable de cela. On ne le défend pas parce que les faits dont on l'accuse pourraient être faux, mais parce qu'on pense que cette affaire ne sert qu'à mettre en péril son destin présidentiel. Comme si ces accusations n'étaient présentées que pour le faire déchoir. Et peu importe pour eux, au fond, qu'elles soient fondées ou non. C'est je crois, ce qui est le plus destabilisant dans cette histoire. Ces gens seraient donc capables d'accorder un blanc-seing à cet homme, ils seraient capables de voter pour lui, de le porter sur le perron de l'Elysée, en se contrefichant de savoir si oui ou non il a bien agressé ces femmes. Ils seraient capables d'assumer le fait d'avoir pour président de la République un homme qui agresse des femmes.
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